Au Burkina, la belle remontée de l’Onea

Dans les années 1990, la société publique était au bord du dépôt de bilan. Aujourd’hui, c’est un modèle en matière de gestion de l’eau : dans les villes, le taux de raccordement est de 90 %.

L’Office souhaite porter sa capacité de traitement à 7 500 m3 par heure. © RENAUD VAN DER MEEREN POUR LES ÉDITONS DU JAGUAR

L’Office souhaite porter sa capacité de traitement à 7 500 m3 par heure. © RENAUD VAN DER MEEREN POUR LES ÉDITONS DU JAGUAR

Publié le 25 février 2016 Lecture : 2 minutes.

La Sénégalaise des eaux est l’une des filiales d’Eranove. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique
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Eau : comment l’Afrique peut rattraper son retard

Au sud du Sahara, le traitement des eaux usées demeure sous-développé, faisant peser sur les pays un coût sanitaire et économique exhorbitant. Mais, sous l’impulsion des bailleurs de fonds, les principaux blocages commencent enfin à être levés.

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En lançant, le 8 décembre, les travaux de la seconde phase du projet Ziga (d’un montant total de 104 milliards de F CFA, soit 159 millions d’euros), l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea) du Burkina entend remédier rapidement à une situation préoccupante. Ouagadougou, dont la population croît à un rythme de 6 % par an, connaît en effet un déficit journalier de 25 000 m3 d’eau potable.

Ces travaux, qui dureront vingt-deux mois, doivent porter la capacité de traitement de la société publique à 7 500 m3 par heure, afin d’assurer les besoins en eau de la capitale à l’horizon 2030. Le projet prévoit aussi 160 bornes fontaines, dont la gestion sera confiée à des partenaires privés, et 52 000 branchements sociaux. Objectif : couvrir les besoins de 4,5 millions de personnes.

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En attendant la finalisation du projet Ziga, l’entreprise multiplie les initiatives. « Nous avons augmenté la capacité de production de la station de Paspanga [dans le centre de Ouagadougou] et nous travaillons à raccorder directement une centaine de forages au réseau de distribution des zones déficitaires », explique Hamado Ouédraogo, directeur général de l’Onea.

Une référence en Afrique

Si, au Burkina, l’approvisionnement en eau n’est pas encore idéal, la société publique garde le contrôle de la situation. En 2015, le taux d’accès à l’eau dans les villes était estimé à 90 %, une performance rendue possible par les branchements sociaux (raccordement au prix de 30 000 F CFA, contre 200 000 F CFA normalement), qui ont permis d’améliorer cet accès dans les zones périphériques. « L’Onea est devenu une référence en Afrique en matière d’innovation au service du client », s’enorgueillit l’ingénieur. Une réputation de sérieux construite patiemment et qui lui vaut même, aujourd’hui, le respect de ses concurrents privés, comme le groupe français Veolia.

Pourtant, au milieu des années 1990, l’entreprise publique était au bord du dépôt de bilan. Un personnel pléthorique, des errements en matière de maintenance des équipements et de gestion de la clientèle… L’Onea est remise sur les rails grâce à un plan triennal lui permettant de stabiliser son management, d’ajuster ses tarifs et de limiter la mainmise de l’État, qui l’obligeait à intervenir dans les zones peu rentables.

Entre 2006 et 2014, l’Onea (35 milliards de F CFA de chiffre d’affaires en 2014) a réussi à mobiliser plus de 108 milliards de F CFA auprès de bailleurs de fonds

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En faisant auditer régulièrement ses résultats annuels et en améliorant, tout au long des années 2000, son taux de recouvrement des factures (98 % des clients privés en 2013), la société a su instaurer un climat de confiance avec ses partenaires. Ainsi, entre 2006 et 2014, l’Onea (35 milliards de F CFA de chiffre d’affaires en 2014) a réussi à mobiliser plus de 108 milliards de F CFA auprès de bailleurs de fonds comme l’Agence française de développement (AFD).

« Notre modèle de planification prévoit des investissements de 4 milliards à 5 milliards de F CFA par an », souligne Hamado Ouédraogo. À l’occasion du contrat triennal 2016-2018, dont le budget est estimé à 119 milliards de F CFA mais qui n’a pas encore été voté, le directeur général continuera de mettre l’accent sur la mobilisation des eaux de surface (80 % du territoire est pauvre en eaux souterraines). Tout en plaidant auprès des pouvoirs publics pour que les besoins des industriels et des agriculteurs ne passent pas avant ceux de la population.

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