Togo : Pascal Bodjona, colosse aux pieds d’argile

Impliqué dans une affaire d’escroquerie, l’ancien bras droit du président togolais a été libéré le 6 février. Mais l’instruction se poursuit.

L’ex-ministre de l’Administration territoriale (en 2011). © DR

L’ex-ministre de l’Administration territoriale (en 2011). © DR

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 17 février 2016 Lecture : 1 minute.

Il est sorti libre, ce 6 février, après 525 jours de prison. Petit flash-back … Le 1er septembre 2012, les Togolais assistent, médusés, à la chute d’un puissant : Pascal Akoussoulèlou Bodjona (alias PAB), 46 ans à l’époque, détenu à la direction de la gendarmerie nationale.

La vie publique de cet homme politique controversé au physique imposant débute au début des années 1990. Il dirige alors le Hacame, une association d’étudiants qui soutient le régime de Gnassingbé Eyadéma et affronte violemment les groupes rivaux. Le général-président repère vite le jeune Pascal, dont le profil de fils d’opposant (son père est un haut cadre de l’Union des forces de changement) est très intéressant. Après des études à l’université de Columbus (États-Unis), diplôme de sciences politiques en poche, PAB est nommé, en 1998, ambassadeur du Togo aux États-Unis. Il n’a que 32 ans…

PAB dit tendre la main de la « miséricorde » à ses « ennemis »

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Fin janvier 2005, il est convoqué à Lomé par Eyadéma, qui meurt le 5 février. Dans la confusion générale, il s’impose dans l’entourage de Faure Gnassingbé, le nouveau président, avec qui il s’est lié d’amitié, en jouant les messieurs-bons-offices auprès de plusieurs chefs d’État africains.

Tout-puissant directeur de cabinet, ministre de l’Administration territoriale, porte-parole du gouvernement, Bodjona devient le numéro deux officieux du régime. Jusqu’au 23 août 2012, où il est évincé, puis cité comme complice dans une affaire d’escroquerie internationale, qui porte sur un montant de 36,5 millions d’euros. Il crie à la machination tout en se gardant de désigner Faure comme son instigateur. Libre depuis le 6 février, mais pas blanchi des charges qui pèsent contre lui, PAB dit tendre la main de la « miséricorde » à ses « ennemis », convaincu qu’à près de 50 ans sa carrière politique est loin d’être terminée.

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