Football : Cheikh Salman, chouchou de Hayatou pour la présidence de la Fifa

Membre de la famille royale de Bahreïn et déjà patron de la Confédération asiatique de football, il est l’un des cinq candidats à la présidence de la Fifa. Son atout ? Il bénéficie du soutien des Africains.

Cheikh Salman, président de la Confédération asiatique. © Hasan Jamali/AP/SIPA

Cheikh Salman, président de la Confédération asiatique. © Hasan Jamali/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 16 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Il alterne le port du costume occidental et celui de la djellaba traditionnelle, ne se sépare jamais de ses lunettes et a cédé à la mode d’arborer une barbe de trois jours soigneusement taillée. Conscient qu’il souffre d’un déficit de notoriété, tout comme les quatre autres candidats à la présidence de la Fifa (l’élection aura lieu le 26 février à Zurich), Cheikh Salman Ibn Ibrahim Al Khalifa, 50 ans, s’est offert les services d’un cabinet londonien pour promouvoir son image.

Un homme influent

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Pourtant, sa qualité de membre de la famille royale (sunnite) de Bahreïn en fait un homme riche et influent. En plus d’assurer le secrétariat général du Conseil suprême de la jeunesse et des sports de son pays, Salman a occupé pendant quatre ans la vice-présidence de la fédération nationale de football avant d’en prendre les commandes, de 2002 à 2013. Sous son règne, la sélection bahreïnie a disputé quatre phases finales de Coupe d’Asie des nations (2004, où elle termina quatrième, 2007, 2011 et 2015) et échoué deux fois aux portes de la Coupe du monde, en 2006 et en 2010. Et, en 2013, le Bahreïni a accédé à la présidence de la Confédération asiatique de football (AFC), succédant au Chinois Zhang Jilong.

Le Bird l’accuse d’avoir puni politiquement certains clubs locaux et – plus grave – d’être à l’origine de l’arrestation de plusieurs footballeurs soupçonnés de sympathies envers le mouvement contestataire

Ce diplômé en histoire et en anglais de l’Université de Bahreïn, qui a joué au football dans les catégories jeunes du club de Riffa, était un président de fédération plutôt actif. Mais pas toujours là où on l’attendait, du moins selon l’Institut de Bahreïn pour les droits de l’homme et la démocratie (Bird), d’obédience chiite. Le Bird a demandé à la Fifa de s’intéresser de plus près au rôle joué par Salman lors de la répression du soulèvement populaire de 2011. L’institut, basé à Londres, l’accuse d’avoir puni politiquement certains clubs locaux et – plus grave – d’être à l’origine de l’arrestation de plusieurs footballeurs soupçonnés de sympathies envers le mouvement contestataire, victimes ensuite d’actes de torture.

Le même institut assure par ailleurs que Salman aurait détourné une partie de la manne financière accordée à Bahreïn dans le cadre du projet Goal afin de financer sa campagne au comité exécutif de la Fifa en 2009. Cette affaire, qui jette une ombre sur l’image de celui qui reste malgré tout le favori pour succéder à Joseph Blatter, brouille également sa communication.

Qui sont ses soutiens ?

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Le Bahreïni, qui souhaite poursuivre la politique d’aide en faveur des pays en voie de développement engagée par le dirigeant suisse, a fait d’une séparation de la Fifa en deux parties (football et business) le socle de son programme. Il dit vouloir ouvrir l’institution à des experts extérieurs au football et accroître le nombre de participants en phase finale de la Coupe du monde. Il envisage aussi de nommer un Européen au poste stratégique de secrétaire général (le Britannique Richard Scudamore, président exécutif de la puissante Premier League, serait son premier choix) : une manière de séduire quelques fédérations d’un Vieux Continent très favorable au Suisse Gianni Infantino.

Salman devrait bénéficier du soutien massif de l’Afrique et de l’Asie. Issa Hayatou, le patron de la Confédération africaine de football (CAF), a déclaré que celle-ci soutiendrait « sans réserve » Cheikh Salman plutôt que le Sud-Africain Tokyo Sexwale, jugé trop timide. Or l’Afrique, qui compte pour 54 voix, a pour habitude de suivre en bloc les consignes du chef. Après avoir semblé préférer Infantino, le Soudan du Sud s’est rallié. Seul Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football, en froid avec Hayatou depuis que la CAN 2017 a été attribuée au Gabon aux dépens de son pays, serait tenté, dit-on, d’appuyer la candidature du Suisse.

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Les mauvaises langues affirment que c’est à Kigali que le Bahreïni a ficelé le dossier africain en signant, le 15 janvier, un protocole d’accord destiné à renforcer la coopération entre l’AFC et la CAF. Cet accord s’apparente à « une tentative flagrante de susciter un vote en bloc », s’est indigné le prince jordanien Ali ben al-Hussein, lui aussi candidat, qui a saisi la commission électorale de la Fifa.

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