Evo Morales : ¡Adiós amigos!
Il voulait briguer un quatrième mandat présidentiel. Consultés par référendum, les Boliviens ont dit non. Beau joueur, il s’incline.
Lorsqu’il a admis sa défaite, ce 21 février, Evo Morales, engoncé dans son éternelle veste à col andin, n’avait plus rien du frêle chef de l’opposition élu pour la première fois à la présidence de la Bolivie en 2005. Au fil du temps, cet ancien sportif et fan de football semble s’être construit une carapace pour encaisser les coups – il porte même en permanence, dit-on, un gilet pare-balles dans l’éventualité d’un putsch.
Effet classique de l’usure du pouvoir, le leader de l’ultra-gauche est moins populaire. Plus autoritaire et plus corrompu, persifle l’opposition. Résultat, les Boliviens lui ont refusé d’un souffle (51,3 % des suffrages) la possibilité de réviser la Constitution pour briguer un quatrième mandat en 2020.
Morales s’éloigne du modèle chaviste
Il n’empêche, à 56 ans, « Evito » (comme le surnomment ses partisans), premier chef d’État d’origine indienne du continent, ex-syndicaliste et fils de petits paysans aymaras, n’a rien perdu de sa simplicité. « Je retournerai content chez moi. J’adorerais devenir dirigeant sportif », relativise-t-il.
« Quinze ans, c’est déjà pas mal. Fini le temps où l’on s’accrochait au pouvoir en allant à l’affrontement. En cela, Morales s’éloigne du modèle chaviste au Venezuela », estime Renée Fregosi, de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, à Paris. Une sage décision qui pourrait trouver un écho en Afrique, selon Demba Moussa Dembelé, leader sénégalais du Forum social africain : « C’est une preuve de maturité démocratique. En Afrique, les élections ou les référendums sont joués d’avance. Heureusement, on voit émerger un mouvement populaire qui n’accepte plus ces règles. Comme au Burkina, lorsque Blaise Compaoré a tenté de briguer un dernier mandat. »
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