Guantánamo : fermera, fermera pas ?
Il y reste 91 détenus, dont 11 Africains. Barack Obama va-t-il enfin convaincre le Congrès, à majorité républicaine, d’en finir avec ce bagne pour jihadistes présumés ?
« Laisser cette prison ouverte est contraire à nos valeurs. » Pour remporter l’adhésion du Congrès, Barack Obama a usé ce 23 février de toute son éloquence, décrivant Guantánamo comme un « instrument de propagande » qui favorise « le recrutement des terroristes ». Sa proposition ? Transférer les détenus aux États-Unis (dans 13 prisons sélectionnées) ou à l’étranger. Quelque 35 pensionnaires, dont un Libyen et un Tunisien, pourraient bénéficier de cette mesure dès le second semestre de 2016. En 2010 (il y a six ans déjà !), une commission mixte des départements de la Défense, de la Justice, de la Sécurité intérieure et du Renseignement les a en effet déclarés éligibles à un transfert. Concernant les Africains, elle a préconisé un procès pour 2 Algériens, 1 Libyen et 1 Mauritanien ; et le maintien en détention de 2 Libyens, de 1 Somalien, de 1 Kenyan et de 1 Marocain.
Problème : le Congrès, à majorité républicaine, pourrait contrecarrer ce projet, qu’il bloque déjà depuis 2009. En cause, son coût (entre 290 et 475 millions de dollars par an) et des problèmes de sécurité, évidents s’agissant de détenus que les Américains ont longtemps décrits – sans avoir toujours pu prouver leur lien avec une quelconque entreprise terroriste – comme « capables de ronger les câbles d’un C-17 afin de provoquer son crash ».
Au centre de cette bataille qui se joue au Capitole, 91 prisonniers, dont 11 Africains, qui croupissent dans cette geôle parfois depuis plus de treize ans, sans jugement. Tous soumis aux humiliations, sévices et « techniques spéciales d’interrogatoire » autorisées dès 2002 par George W. Bush. Pour ces captifs, la promesse d’Obama offre un espoir. Celui d’une incarcération « normale ». « Je vis hors du monde », écrivait Mohamedou Ould Slahi en 2005 dans ses Carnets de Guantánamo, parus en 2015. Le Mauritanien venait de passer trois ans dans ce bagne. Une décennie plus tard, il y est toujours.
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