Le groupe OCP revoit sa stratégie en Afrique subsaharienne

Le géant marocain des phosphates lance une filiale dévolue au sud du Sahara. Objectif : multiplier par cinq ses ventes dans la région d’ici à 2025.

L’OCP détient les plus grandes réserves de phosphates au monde. © Alexandre Dupeyron pour JA.

L’OCP détient les plus grandes réserves de phosphates au monde. © Alexandre Dupeyron pour JA.

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 14 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Annoncé en fanfare le 25 février à Marrakech, le lancement par le groupe OCP d’une filiale dévolue à l’Afrique a été soigneusement préparé pendant un an et demi. Alors que les prix des phosphates et des engrais sont au plus bas (du fait de la hausse des productions américaine et chinoise), les marchés subsahariens sont devenus la priorité commerciale du géant marocain.

Sous la houlette de son directeur général adjoint, Tarik Choho, venu de chez Areva en juin 2015 pour redéfinir la stratégie internationale, le groupe veut encourager l’usage des engrais au sud du Sahara, actuellement dix fois inférieur au niveau jugé nécessaire (100 kg par hectare de terre arable) pour doper la production agricole. Objectif : augmenter fortement ses volumes de ventes en Afrique. Car, même si elle est passée de 3 % en 2011 à 9 % aujourd’hui, la part subsaharienne des revenus d’OCP est encore trop faible aux yeux de ses dirigeants. « Avec la création d’OCP Africa, notre objectif est de quintupler nos volumes en Afrique à l’horizon 2025 », prévient Hind Kadiri, responsable du développement commercial de la nouvelle entité.

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Objectifs ciblés

Pour parvenir à ses fins, le groupe OCP estime qu’il doit agir autrement que sur ses autres marchés (Asie, Amériques et Europe), qui représentent un peu plus de 80 % de ses ventes. « Au sud du Sahara, il nous faut aller plus loin dans l’accompagnement, être plus proche des besoins des agriculteurs », fait valoir Hind Kadiri. Et Tarik Choho de détailler une stratégie en quatre volets : « D’abord, nous voulons élaborer des produits adaptés à l’Afrique. Ensuite, il nous faut des unités de production spécifiques. Nous devons aussi positionner des capacités de stockage à proximité des corridors logistiques. Enfin, nous allons établir quinze filiales locales pour améliorer nos performances en marketing. »

Deux pays à fort potentiel agricole ont été retenus comme têtes de pont du groupe OCP au sud du Sahara : la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie. C’est là que seront créées les deux premières antennes d’OCP Africa. « Chacune d’elles sera pilotée par un encadrement local », précise l’Ivoirien Edmond Dutauziet, qui se prépare à diriger la future filiale d’Abidjan après huit années chez le géant allemand Bayer. « Nous avons déjà commencé à travailler avec le Centre national de recherche agronomique, le Conseil café-cacao et l’Agence nationale d’appui au développement rural, indique-t-il. Il s’agit de préparer des produits adaptés aux agriculteurs locaux, selon les terrains et la culture. Car, bien souvent, les producteurs de cacao ou de café utilisent les mêmes engrais que pour le coton, alors qu’ils ne sont pas les plus adaptés. » « En Afrique, seuls trois types d’engrais sont utilisés quand il en faudrait au moins une trentaine ! » complète Hind Kadiri.

Ambitieux

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L’Africa Fertilizer Complex, nouvelle usine d’OCP inaugurée début février à Jorf Lasfar, doit permettre de réserver une capacité de production de 1 million de tonnes d’engrais par an au continent. Mais « l’avenir passera par des usines subsahariennes permettant d’allier les phosphates marocains aux autres intrants présents sur le continent, dont le gaz », affirme Hakim Hajoui, directeur des opérations d’OCP en Afrique de l’Ouest. Et d’évoquer le Gabon, où un projet est à l’étude, mais aussi le Nigeria et l’Angola, où les perspectives d’industrialisation sont intéressantes.

Sur le papier, la stratégie d’OCP fait sens. Mais pour gagner son pari, il lui faudra réussir à généraliser l’usage des engrais en Afrique, en particulier sur les petites exploitations familiales. Sans cela, la production de l’Africa Fertilizer Complex de Jorf Lasfar pourrait prendre une autre route que celle du sud du Sahara.

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9 %

C’est la part subsaharienne des revenus d’OCP, une proportion qui atteint 22 % pour l’activité engrais.

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