Pour Thierry Tanoh, il y a une vie après la banque
Désormais séparé d’Ecobank, le financier ivoirien s’engage en politique. Dans les rangs du PDCI, et avec la bénédiction de Bédié.
Ambitions nouvelles
La tentation n’aura pas duré bien longtemps. Sitôt levé le seul point de blocage qui s’opposait à son entrée en politique (la procédure en cours avec Ecobank, son ancien employeur, s’est conclue à l’amiable le 18 février), Thierry Tanoh a accepté une nomination au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Sans y occuper de fonction officielle, celui qui est aujourd’hui ministre et secrétaire général délégué de la présidence a été coopté au sein du comité d’organisation des festivités du 70e anniversaire du parti, aux côtés de plusieurs personnalités de premier plan issues, elles, de cette formation.
Mais est-ce vraiment une surprise, alors que l’ex-directeur général d’Ecobank, 53 ans, ne faisait pas mystère de son désir de changer de vie ? « Désormais, les portes du bureau politique lui sont ouvertes, même s’il n’en est pas membre. Il bénéficiera de la jurisprudence Banny », glisse un cacique du PDCI, faisant allusion à l’époque (2006) où le Premier ministre Charles Konan Banny assistait aux réunions de cette instance sans en être membre lui non plus, les nominations se faisant durant les congrès.
Tous les barons du PDCI, qui ont leurs habitudes à la résidence d’Henri Konan Bédié, à Cocody Ambassades, s’attendaient à ce que Tanoh soit adoubé par leur leader, qui est aussi son parrain. Lorsqu’il présidait l’Assemblée nationale, sous Houphouët-Boigny, ne l’avait-il pas déjà pris sous son aile ? Bédié n’a donc pas hésité à convoquer son filleul mi-février dans son fief de Daoukro, en même temps que les ministres PDCI, afin de leur indiquer la conduite à tenir dans le cadre des discussions, animées, qui doivent déboucher sur la fusion de leur formation politique avec le Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, le chef de l’État ivoirien. « Thierry Tanoh fait partie des cadres du PDCI. Maintenant qu’il n’occupe plus de poste qui lui impose un droit de réserve, comme à l’IFC ou à Ecobank, il est l’un des nôtres », confie à Jeune Afrique un proche de Bédié.
Un homme bien entouré
La présence à ses côtés de vieux routiers comme Maurice Kakou Guikahué ou Jeannot Ahoussou, respectivement secrétaire exécutif et vice-président du mouvement, devrait contribuer à asseoir la légitimité de cet expert-comptable de formation. Lors de la campagne de Ouattara, en octobre 2015, Tanoh avait apporté un soutien ostensible au candidat-président, arborant ses couleurs et s’asseyant au premier rang lors de ses meetings.
Et puis, il se démène sur les réseaux sociaux. Sur Facebook par exemple, où le groupe des « Amis de Thierry Tanoh » a vu le jour. L’intéressé a mobilisé ses camarades, anciens du Lycée scientifique de Yamoussoukro. Officiellement pour aider leur école. Mais, en réalité, l’ex-banquier se prépare.
La première étape ? Peut-être un siège de député dans la circonscription de Daoukro (ville dont sa famille est originaire, comme Bédié), lors des législatives, qui doivent se tenir d’ici à la fin de l’année. « Nous l’avons senti venir, confie une jeune activiste du PDCI. Le président Bédié nous avait conseillé de nous rapprocher de lui, Daniel Kablan Duncan n’ayant jamais été son choix. »
Le nouveau venu a de nombreux atouts dans sa manche. Il bénéficie de la confiance d’Alassane Ouattara et de celle d’Amadou Gon Coulibaly, le secrétaire général de la présidence. Sylvie Gomis, son épouse, est la fille de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, lui-même grand ami du chef de l’État ivoirien ; elle est aussi la filleule de Mme Bédié, et sa sœur, Henriette, est mariée à Jean-Louis Billon, le ministre du Commerce.
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