Inde : start-up dans les starting-blocks
Le gouvernement indien lance un plan pour soutenir la création d’entreprises innovantes. Celles-ci sont déjà plus de 4 000. Trois patrons sur quatre ont moins de 35 ans.
S’il n’y avait ce voile de pollution tenace, on se croirait en Californie. Enfin, presque. Installés à Chattarpur, au sud de New Delhi, dans un cadre verdoyant avec farmhouse et piscine, Rahul et Ankit Prasad, 28 et 24 ans, affichent un grand sourire. Lancée en 2015, BobbleApp, leur société, qui fabrique des icônes destinées à exprimer des émotions pour habiller les messages téléphoniques (emoticon), prospère. « Nous avons déjà conquis 5 millions d’utilisateurs et cherchons constamment à recruter », pavoisent-ils. Avec une trentaine d’employés, BobbleApp est déjà une PME.
Expansion
Selon la National Association of Software and Services Companies (Nasscom), le nombre des jeunes entreprises de ce type a crû de 40 % l’an dernier. Aucun pays au monde n’a connu une telle progression. Avec 4 200 start-up actives, le sous-continent se classe désormais en troisième position, après les États-Unis et le Royaume-Uni. « Une partie de la jeune génération n’est plus disposée à travailler pour les autres », résume Kshitij Mehra, patron de Yuvshaala, une start-up qui a pourtant vocation à… conseiller les autres. La très grande majorité de ces entreprises sont créées par de jeunes hommes : 72 % ont moins de 35 ans.
Un tel vivier de croissance ne laisse évidemment pas indifférent l’actuel gouvernement, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP). Plus libéral que celui qui l’a précédé, il entend bien créer des emplois par tous les moyens. Faut-il rappeler que 1 million de jeunes Indiens débarquent chaque mois sur le marché du travail ? « Une start-up n’est pas forcément une « billion-dollar company » employant des milliers de salariés. Pour en être une, il suffit d’employer cinq personnes », a commenté Narendra Modi, en janvier. Le Premier ministre a annoncé toute une série de mesures, dont la mise en place pour une durée de quatre ans d’un fonds de 1,5 milliard de dollars (près de 1,4 milliard d’euros) destiné à investir dans le secteur du capital-risque. Ce fonds sera financé par le gouvernement et l’entreprise publique Life Insurance Corp. Des allégements fiscaux sont également prévus pendant trois ans pour certaines entreprises et ceux qui y investissent.
Faciliter l’investissement
« L’initiative est positive, c’est la première fois qu’un gouvernement met ainsi les start-up en avant », estime-t-on à la Numa, une association qui, à Bangalore, se consacre au numérique et à l’entrepreneuriat. « Cela devrait avoir pour conséquence de donner confiance aux investisseurs et aux grands groupes. » Mais d’autres ne cachent pas leur scepticisme : « Il s’agit d’un fonds de fonds, ce qui signifie que les start-up ne seront pas les bénéficiaires directes du plan. » La plupart des entrepreneurs font par ailleurs valoir que leurs sociétés font rarement des bénéfices au cours des trois premières années. Et que les exemptions fiscales ont donc peu de chances de changer la donne. « Ceux qui ont une belle idée trouveront toujours des fonds pour se financer », estime pour sa part Nalin Kumar, de chez Srei, un groupe dont le métier est précisément de financer des projets.
Si la vague des start-up grossit, elle n’est pas complètement nouvelle. « Des gens comme Deepinder Goyal, fondateur de Zomato.com, nous ont beaucoup inspirés », reconnaissent les frères Prasad. Fondé dès 2008, ce site en ligne recense tous les bars et restaurants du pays et affiche les menus proposés à la clientèle. Aujourd’hui connu de tout le monde, il a essaimé dans une vingtaine de pays, du Portugal à l’Europe de l’Est.
Et que dire de l’e-commerce, secteur où la compétition fait rage ? Alors que les plateformes se multiplient, Snapdeal, le numéro deux du secteur, a réussi à lever 700 millions de dollars afin de « challenger » Flipkart, le leader.
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