Sénégal : la bataille de la communication dans l’affaire Karim Wade

Dans l’affaire Karim Wade, la justice a tranché. L’opinion publique, pas encore. Résultat : les lobbyistes des deux camps ne chôment pas…

Dakar, le 4 février 2015. L’ancien ministre serait-il un « prisonnier politique » ? © SEYLLOU/AFP

Dakar, le 4 février 2015. L’ancien ministre serait-il un « prisonnier politique » ? © SEYLLOU/AFP

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Publié le 17 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Le 8 mars, c’est dans les locaux parisiens de PB Com International, l’agence fondée par Patricia Balme, communicante de longue date de Paul Biya et – depuis peu – de Macky Sall, que les avocats de l’État sénégalais ont organisé une conférence de presse sur l’enrichissement illicite de Karim Wade (condamné en mars 2015 à six ans de prison ferme).

De quoi donner du grain à moudre aux partisans du fils de l’ancien chef de l’État, qui dénoncent une confusion entre justice et politique ? Face à cette question d’un journaliste sénégalais, l’avocat français William Bourdon ne cache pas son agacement : « Je n’ai pas vu beaucoup de journalistes s’interroger quand l’agence d’Anne Méaux [Image 7] était utilisée par Karim Wade, à Dakar comme à Paris, pour des montants considérables ! »

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S’attirer les faveurs de l’opinion internationale

Car derrière la bataille que se sont livrée pendant près de trois ans la justice sénégalaise et le clan Wade s’en dispute une autre, dont l’objectif est de s’attirer les faveurs de l’opinion internationale. Selon William Bourdon, Image 7 aurait ainsi contribué à forger pour Karim Wade l’image de « victime d’un agenda politique ». Un soupçon régulièrement relayé à Dakar du fait de la présence, dans l’entourage de l’ancien « super-ministre », d’une consultante associée à Image 7 : Marie-Luce Skraburski, qui a été chargée, au nom de l’agence, de la communication internationale du président Abdoulaye Wade de 2001 à 2012.

Du fait des liens noués avec la famille Wade, elle a décidé de s’investir aux côtés du collectif des avocats de Karim Wade au lendemain de son incarcération, en 2013. « Je le fais à titre bénévole, précise-telle. Karim Wade est en prison, il ne peut pas plaider sa cause dans les médias. » Pendant cinq mois, en 2014, un contrat avait été conclu entre le collectif et Image 7 pour l’organisation d’une conférence de presse à Paris. Mais c’est en son nom propre que Marie-Luce Skraburski a mis son carnet d’adresses au service de celui qu’elle considère comme un « prisonnier politique ».

Présidence excédée

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Un lobbying discret qui a le don d’excéder la présidence. Interrogé par le magazine français L’Express, en janvier, au sujet d’un possible financement occulte de l’opposition, sous Abdoulaye Wade, par Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme, Macky Sall pointait sans la nommer Image 7 : « Je décèle chez ceux qui tentent d’exploiter cette affaire une volonté de salir à tout prix ma réputation. Ils ont recruté à Paris une agence de communication qui passe son temps à dénigrer le pouvoir sénégalais par le biais de mensonges fabriqués de toutes pièces. »

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