Donald Trump et moi

En campagne électorale, le candidat à l’investiture républicaine multiplie les dérapages misogynes et xénophobes. Mais comment se comporte-t-il dans la vie quotidienne ? Son majordome raconte.

Anthony Senecal dans la propriété de son employeur milliardaire, le 4 mars. © ERIC THAYER/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

Anthony Senecal dans la propriété de son employeur milliardaire, le 4 mars. © ERIC THAYER/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 28 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Bienvenue à Mar-a-Lago, au royaume de Donald. Non, vous n’êtes pas à Disneyland mais à Palm Beach, dans l’immense propriété californienne de Donald Trump, le très décomplexé milliardaire à la crinière peroxydée qui pourrait obtenir l’investiture républicaine à la présidentielle américaine et dont la vulgate misogyne, anti-Latinos et islamophobe séduit l’Américain de base, révulse l’establishment de son propre parti et provoque des tensions dans le pays – une manifestation l’a même contraint à annuler un de ses meetings.

Celui qui vous ouvre les portes de cette demeure de 118 pièces, construite il y a quatre-vingt-dix ans par l’héritière d’un empire céréalier, n’est autre que le majordome de sa majesté Donald. Anthony Senecal, 74 ans, officie depuis soixante ans. Son job ? Être aux petits soins de Trump-le-Trublion, dont les caprices ne sont pas sans rappeler ceux de Bokassa, l’autoproclamé empereur de Centrafrique.

la suite après cette publicité

Des anecdotes surprenantes

Trump, ses petites manies et ses foucades de riche n’ont aucun secret pour Senecal. Le majordome, qui, en 2009, a voulu prendre sa retraite mais que son patron a sommé de rester en qualité d’« historien » des lieux, s’est confié à Jason Horowitz, de l‘International New York Times, dans un article daté du 16 mars. S’il fait preuve, sans surprise, d’une immense déférence envers son patron, il livre aussi quelques anecdotes édifiantes.

On apprend, entre autres, que la présence d’un luxueux véhicule utilitaire et d’un garde de sécurité indique que « le roi est céans ». Lequel exige que ses steaks « roulent dans son assiette » et tient à faire lui-même son brushing (hélas). Ses employés le savent contrarié ? À peine sort-il son auguste pied de sa limousine qu’une petite fanfare l’accueille sur l’air du Salut au chef, tandis qu’on court porter son costume au pressing. Il émerge après quatre heures de sommeil, lit une montagne de journaux, réapparaît en tenue de golfeur. Sa casquette est blanche ? Il est d’humeur guillerette. Rouge ? Le personnel comprend alors qu’il vaut mieux l’éviter. Lorsqu’il envoie sa balle à 200 m, on lui annonce qu’elle a atteint 250 m : pourquoi lui gâcher son plaisir ?

En revanche, on le voit rarement en maillot de bain : il n’aime pas nager, contrairement à sa première épouse, l’explosive Ivana (ex-top-modèle tchèque dont il a divorcé bruyamment), qui aimait barboter en tenue d’Ève. Une femme trop exigeante aux yeux du majordome, qui n’appréciait guère qu’elle lui demande d’enlever « cette tache du tapis » et qu’elle le fit à sa place quand il n’y parvenait pas…

la suite après cette publicité

Les employés étrangers de Trump

Les enfants, eux, ont toujours eu droit à son indulgence, même lorsqu’ils couraient en tous sens dans la bibliothèque remplie de livres rares qu’aucun membre de la maisonnée n’a évidemment jamais ouverts. Et puis, comment ne pas aimer un patron à qui il arrive de donner un billet de 100 dollars ? Que le xénophobe Trump emploie essentiellement des Roumains et des Sud-Africains ne manque d’ailleurs pas de sel. « Les gens du cru n’acceptent pas les emplois saisonniers », plaide Anthony Senecal, toujours prompt à défendre Monsieur.

la suite après cette publicité

Seul nuage dans ce paradis : la proximité d’un aéroport, dont les nuisances sonores « le rendent dingue ». « Tony, appelle la tour de contrôle ! » hurle le monarque courroucé, qui tente de dérouter les avions durant son séjour. Le bouillant Donald n’est pas dans les meilleurs termes avec les autorités locales, avec lesquelles il guerroie dès qu’il s’agit d’agrandir sa salle à manger ou l’hôtel de luxe également situé sur sa propriété – il a été jusqu’à menacer de vendre celui-ci à des adeptes de la secte Moon, histoire d’effrayer la bourgeoisie locale. Au milieu du salon trône son portrait dans un cadre doré et massif. En tenue de tennis, rajeuni de trente ans, délesté de ses kilos superflus. « J’ai été dans d’autres propriétés de Palm Beach : ils ont tous le même tableau, seul le visage du modèle change », glisse malicieusement le majordome.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image