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Abidjan et Paris ont décidé de renforcer leur collaboration dans la lutte contre les jihadistes. Pas de cellule franco-ivoirienne, mais du « donnant-donnant sous forme d’échanges sérieux et réguliers ».

De g. à dr., Georges Philippe Ezaley, le maire de Grand-Bassam, accueillant Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, le 15 mars. © ISSOUF SANOGO/AFP

De g. à dr., Georges Philippe Ezaley, le maire de Grand-Bassam, accueillant Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, le 15 mars. © ISSOUF SANOGO/AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 28 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Un soldat ivoirien sur la plage de Grand Bassam après l’attaque. © AFP
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Attentat de Grand-Bassam : après le choc

Depuis l’attentat de Grand-Bassam, les Ivoiriens tentent de comprendre et de surmonter le drame. Et l’Afrique de l’Ouest se prépare à de nouveaux assauts.

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Entre la Côte d’Ivoire et la France, c’est l’union sacrée. Le 14 mars, au lendemain de l’attentat, François Hollande a appelé Alassane Ouattara pour exprimer la solidarité des Français avec la Côte d’Ivoire. Puis, le 15 mars, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et son homologue de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, sont allés à Abidjan, où ils ont été aussitôt reçus par le président ivoirien. Les deux pays vont renforcer la coopération entre trois de leurs unités d’élite. Côté français, les forces spéciales, les policiers du Raid et les gendarmes du GIGN. Côté ivoirien, les forces spéciales, les policiers du Frap et les gendarmes de l’UIGN.

Ce qui est moins médiatisé, c’est que les services de renseignements français et ivoirien vont intensifier leurs échanges. Pas de cellule de coordination, mais un partenariat fort. « Une cellule franco–ivoirienne, c’est une formule à l’ancienne. Mieux vaut du donnant-donnant sous forme d’échanges sérieux et réguliers », souffle un diplomate français, qui ajoute : « Depuis deux ans, notre coopération a permis de déjouer plusieurs attentats en Côte d’Ivoire, mais jusqu’à présent les services de renseignements ivoiriens se sont trop concentrés sur la politique intérieure [sous-entendu : la traque du camp Gbagbo]. Ces derniers jours, après l’attentat de Grand-Bassam, ils ont encore laissé filer des suspects. Il faut qu’ils se professionnalisent dans la lutte contre les jihadistes et qu’ils soient mis à niveau au point de vue technologique. »

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La levée de l’embargo de l’ONU

Autre projet : la levée au plus vite de l’embargo de l’ONU. Contrairement à une idée reçue, cet embargo n’empêche pas la Côte d’Ivoire d’importer des armes de guerre. Mais il l’oblige à déclarer chaque achat d’armes. Avec l’appui de Paris, Abidjan compte obtenir la levée de cette mesure contraignante en 2017, au moment où les Casques bleus de l’Onuci plieront bagage. Une première résolution dans ce sens devrait être adoptée le mois prochain au Conseil de sécurité de l’ONU. Pour renforcer son dispositif antiterroriste, la Côte d’Ivoire veut acquérir notamment de nouveaux hélicoptères, que la France est prête à lui vendre…

L’attentat de Grand-Bassam a rapproché un peu plus Abidjan et Paris. En revanche, les suites de cet attentat ont provoqué un sérieux couac entre Ouagadougou et Paris. Lors de sa brève visite à Abidjan, le 15 mars, Bernard Cazeneuve a annoncé l’envoi imminent au Burkina Faso d’une équipe de gendarmes français du GIGN… sans avoir pris la peine de demander l’accord préalable des autorités burkinabè ! Très forte irritation au palais de Kosyam, où le président, Roch Marc Christian Kaboré, a vécu cette annonce comme un affront. Depuis cette énorme bévue, les diplomates français tentent, comme ils disent, de « dégonfler » l’affaire. Pas gagné. « Cette équipe du GIGN, c’est pour aider à sécuriser toute la région. Si les Burkinabè n’en veulent pas, on verra si elle peut être placée ailleurs », confie l’un d’entre eux. Pour sa première visite en France depuis son élection, le président Kaboré est attendu à Paris début avril. D’ici là, il faudra vider l’abcès.

Rabat avant Paris

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France, États-Unis… et Maroc : tous ont proposé à la Côte d’Ivoire l’envoi d’enquêteurs. Le royaume chérifien dépêchera pour sa part une équipe du Bureau central des investigations judiciaires. Il a aussi été le premier à envoyer une délégation, dès le lundi 14 mars, soit le lendemain des attentats de Grand-Bassam. Après un entretien téléphonique entre Mohammed VI et le président ivoirien Alassane Ouattara le jour de l’attaque, le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad, et Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGST et de la Sûreté nationale, se sont envolés pour Abidjan. Rien d’étonnant : le royaume est le premier investisseur étranger en Côte d’Ivoire – devant la France -, il est très impliqué dans la formation des Forces de sécurité et des imams du pays. Le roi, qui entretient des relations très étroites avec ADO, se rend régulièrement à Abidjan.

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