Urbanisme : ces villes d’Afrique de l’Ouest où la vie est plus belle
L’aménagement ne se fait plus dans l’urgence. Aujourd’hui, les grandes métropoles ont toutes leur plan de développement. Qui s’étend à leurs agglomérations et se décline à l’échelle des villes moyennes.
Afrique de l’Ouest : votre ville change, et vous ?
Abidjan, Conakry, Ouaga, Bamako… Elles se modernisent, se connectent, deviennent vertes. D’autres sont créées ex nihilo. Place à une nouvelle génération de métropoles.
Il y a dix ans à peine, réduites à l’image de monstres ingérables et caractérisées par le manque (manque de logements, d’infrastructures, de loisirs, d’investissements, de vision à long terme, etc.), les villes ouest-africaines n’apparaissaient plus que sous le mauvais jour d’une expansion démographique et spatiale trop rapide et mal maîtrisée. On les appelait d’ailleurs rarement « métropoles », tant les fonctions d’organisation et de rayonnement qu’implique ce terme semblaient leur échapper. Seule Abidjan tirait son épingle du jeu. Quoique péniblement. Mais la page est tournée. D’Abobo à Port-Bouët, la capitale économique ivoirienne reprend forme et, surtout, se réinvente. À l’instar de ses petites sœurs d’Afrique de l’Ouest francophone – « petites », puisque les agglomérations les plus peuplées (Bamako, Conakry, Ouagadougou et Dakar) comptent à peine 3 millions d’habitants, quand Abidjan a passé le cap des 4,5 millions.
L’expansion urbaine de l’Afrique de l’Ouest
La région est l’une des dernières du continent à faire sa révolution urbaine. Après l’Afrique de l’Est, elle est celle où le taux d’urbanisation est le plus faible et où il augmente le plus rapidement. En 2000, ses 15 pays comptaient 80 millions de citadins (résidant dans des villes de plus de 5 000 habitants) ; ils sont 155 millions aujourd’hui et seront 505 millions en 2050, soit plus que la population de l’Europe à 28. La tendance se vérifie au sein des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), où le nombre de citadins est passé de 22,5 en 2000 à 42 millions en 2015 et devrait atteindre 147 millions en 2050.
Au début, la pression démographique a pesé sur les métropoles, dont les structures obsolètes et inadaptées ont permis l’installation des quartiers informels et où les services élémentaires n’étaient plus assurés. Jusqu’à frôler le chaos. Les conditions de vie dans les villes-capitales étant parvenues à la limite du supportable, les États et les collectivités locales ont pris la mesure des efforts qu’ils devaient fournir pour s’adapter à cette transition.
Le mouvement est venu des élus locaux, avec, notamment, la création de la branche africaine du réseau Cités et Gouvernements locaux unis (CGLUA) en 2005 et celle du Conseil des collectivités territoriales de l’UEMOA en 2011. Il montre que la décentralisation est fille de l’urbanisation. En même temps que les métropoles ont grandi, de nombreuses agglomérations rurales sont devenues urbaines, des villes sont nées, qui grandissent à leur tour, veulent s’organiser, être autonomes… Les élus ont donc plaidé auprès des États la nécessité de définir des schémas de développement urbain et d’accélérer la décentralisation.
Il a fallu du temps pour que les pouvoirs publics s’astreignent à aménager les villes selon une programmation à long terme et non plus en fonction des urgences ou de l’exaspération des habitants. Mais, aujourd’hui, toutes les capitales régionales ont leur « plan de développement urbain ». Du centre d’Abidjan il y a cinq ans à celui de Conakry ces derniers mois, de douloureuses mais indispensables opérations de déguerpissement ont fait table rase de l’informel. On viabilise les terrains, on les aménage, on trouve des solutions pour donner à la ville une modernité nouvelle qui n’est plus l’adaptation d’un modèle occidental, mais le résultat d’une réflexion sur les besoins et les modes de vie de ses habitants, sur l’identité économique et culturelle qui lui est propre.
Les premiers résultats
La planification et la métropolisation donnent leurs premiers résultats. Mieux, elles ne sont plus exclusivement centrées sur les capitales, mais élargies à leurs agglomérations et déclinées à l’échelle des métropoles secondaires, puis des villes moyennes. L’Afrique de l’Ouest compte aujourd’hui 16 agglomérations de plus de 300 000 habitants (contre 7 en 2000) et 120 villes de 100 000 à 300 000 habitants, où vivent 60 % de ses citadins et au sein desquelles est attendue la plus forte croissance d’ici à 2050 (alors que son rythme ralentit dans les capitales). Ce réseau de villes structure l’organisation des marchés au sein de l’espace régional et permet de mieux articuler les projets d’infrastructures communautaires avec ceux des territoires.
Reste le problème du financement. Entre la faiblesse de leurs ressources fiscales et l’irrégularité des transferts financiers de l’État, les collectivités locales ouest-africaines ne gèrent que 2 % des ressources publiques (contre 5 % en moyenne sur le continent). Il leur est donc très difficile d’assurer un accès équitable aux services sociaux de base sans l’aide des gouvernements, qui gardent la main sur les grands chantiers d’aménagement urbain. Là encore, les opérations de viabilisation, programmes de logements et plans de déplacement urbains gagnent du terrain sur les grands travaux de prestige. Mais ils n’ont malheureusement pas toujours la priorité.
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