Azzeddine Benmoussa : « Nous n’avons pas pour vocation de nous substituer à l’État » du Maroc
Azzeddine Benmoussa est Administrateur à la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Jeune Afrique : Quinze ans après la construction de la première Dar Taliba, quel est le bilan ?
Azzeddine Benmoussa : En 2001, la première Dar Taliba ouvrait ses portes à Khmis Zemamra, dans la province d’El-Jadida, en accueillant 100 jeunes filles issues de milieux défavorisés, toutes originaires des communes rurales avoisinantes. Cet établissement constituait le premier du genre construit par la Fondation Mohammed V pour la solidarité et géré par une association locale.
Depuis, le programme social de la Fondation a permis à plus de 9 100 jeunes filles de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. À la fin 2015, un budget de près de 320 millions de dirhams (29 millions d’euros) avait été engagé pour la construction et l’aménagement de 86 structures, incluant les foyers de jeunes filles dans les zones rurales, les internats et maisons d’étudiantes à travers tout le royaume.
Des foyers ont été dédiés aux jeunes écolières au sein des collèges les plus proches
Êtes-vous parvenus à réduire le taux de déperdition scolaire ?
Cette question relève des axes stratégiques de l’Éducation nationale. La Fondation n’a pas pour vocation de se substituer à l’État mais participe, avec d’autres acteurs, à la lutte contre toutes les formes de précarité sans pour autant nourrir la prétention de répondre à tous les besoins.
À l’origine, notre plateforme avait pour objectif de faciliter l’accès à l’enseignement primaire dans les zones rurales et de lutter contre l’abandon scolaire. Des foyers ont été dédiés aux jeunes écolières au sein des collèges les plus proches. Le programme a été enrichi par la construction de collèges et lycées, toujours en milieu rural, et s’est également adapté au mode de vie dans les régions de nomadisme par l’introduction des écoles communautaires.
La Fondation construit les locaux mais laisse les associations les gérer. Or celles-ci manquent de ressources…
La Fondation a opté pour une démarche précise dans la gestion de ses projets : déléguer, faire faire. Elle transfère la maîtrise d’ouvrages à ceux qui gèrent, en l’occurrence l’État ou les établissements publics, et plus particulièrement les associations. Cette approche, soumise à un suivi et à un contrôle rigoureux de notre part, permet d’impliquer les acteurs locaux, qui maîtrisent le terrain, et d’assurer la pérennité du projet.
L’intervention de la Fondation répond en général aux demandes exprimées par le tissu associatif. Elle apporte ainsi son soutien sous forme d’appui logistique, de financement lorsque le besoin est justifié et de formation. Par ailleurs, certains projets intègrent depuis quelques années des composantes de production et commerciales qui permettent de générer des revenus. Une manière d’assurer des ressources non négligeables pour le bon fonctionnement des projets.
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