Football : Antonio Souaré poursuit son ambition africaine en Guinée

Passionné de football, l’homme d’affaires Antonio Souaré préside le Horoya AC depuis 2011. Son club est champion en titre de Guinée, et il veut en faire l’un des meilleurs du continent.

À Paris, le 9 février. © VINCENT FOURNIER/J.A.

À Paris, le 9 février. © VINCENT FOURNIER/J.A.

Alexis Billebault

Publié le 13 avril 2016 Lecture : 5 minutes.

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C’était un mardi froid et pluvieux. À quelques mètres de son domicile parisien, dans un bar-restaurant du 18e arrondissement, Antonio Souaré pianotait sur l’un de ses deux smartphones. Sur le revers de sa veste, un pin’s de la Confédération africaine de football (CAF) rappelle qu’il est membre de la commission interclubs de l’instance. L’homme d’affaires, PDG du Groupe Business Marketing (GBM) et de Guinée Games, revenait juste de Kigali. En tant que président de la toute nouvelle Ligue professionnelle de football (LFP) de Guinée, il y avait assisté au bon parcours du Sily : l’équipe guinéenne est arrivée quatrième au Championnat d’Afrique des nations (Chan) 2016 réservé aux sélections nationales locales (composées uniquement de joueurs évoluant sur le continent). Et il s’apprêtait à s’envoler pour Dakar, pour assister à l’affrontement du Horoya Athlétique Club (Horoya AC ou HAC) contre les Sénégalais de l’AS Douanes, lors du tour préliminaire de la Ligue des champions de la CAF. Horoya en est sorti vainqueur (0-0 à l’aller, 4-0 au retour).

Malheureusement, fin mars, le club s’est incliné en seizièmes de finale face aux Zambiens du Zesco United, malgré sa victoire au match retour (1-4, 2-0). Une déception pour Antonio Souaré, qui a fait de la Ligue des champions l’un des objectifs prioritaires du HAC. Mais ce n’est que partie remise : 13 fois champion de Guinée, vainqueur de 6 Coupes et de 2 Super Coupes nationales et de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (devenue Coupe de la Confédération) en 1978, le Horoya est déjà multititré, et son président compte bien en faire l’un des meilleurs du continent.

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La restructuration du club

C’est en 2011 que le PDG de GBM a été nommé président du Horoya AC, l’un des trois grands clubs de Conakry (avec le Hafia FC et l’AS Kaloum) au sein duquel il avait joué dans sa jeunesse. « Horoya n’existait plus que par son nom, explique Antonio Souaré. J’ai établi un projet d’investissement sur la période 2011-2017, avec, d’abord, la mise en place d’un cadre essentiel pour le restructurer : siège, administration, équipe, staff technique… » Il renouvelle aussi tous les équipements nécessaires aux joueurs et à l’encadrement : un bus tout confort exclusivement réservé aux déplacements de l’équipe, des lots de maillots, de shorts, de survêtements, de chaussures et de ballons, etc. La même année, le HAC est devenu champion de Guinée.

Pour 2016, le club dispose d’un confortable budget de 3 millions de dollars

Les résultats aidant, le président du club a continué de lui donner les moyens de s’installer au sommet du football national. « Nous avons remporté plusieurs titres de champion de Guinée [en 2011, 2012, 2013 et 2015], la Coupe [2013, 2014] et la Super Coupe [2012, 2013]. Si l’on veut faire grandir un projet, il est aussi nécessaire d’avoir de bons résultats. »

Pour 2016, le club dispose d’un confortable budget de 3 millions de dollars (environ 2,7 millions d’euros) pour faire face aux dépenses locales, et 2 millions de dollars supplémentaires ont été dégagés pour préparer la Ligue des champions. « Cela permet de proposer de bons salaires aux joueurs », justifie Antonio Souaré. Et de recruter Victor Zvunka, un ancien international français devenu un entraîneur reconnu et respecté, qui a signé avec le club fin décembre 2015.

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Les ambitions d’Antonio Souaré

Très impliqué dans la gestion quotidienne de son club, Antonio Souaré voit grand. Sur un terrain de 11 ha dont il est propriétaire, GBM est en train de faire construire le centre sportif de Yorokoguia, près de Dubréka, à une quarantaine de kilomètres au nord de Conakry. Les équipements de l’académie sont déjà terminés, notamment les 4 grands bâtiments rouge et blanc, aux couleurs du club, abritant les dortoirs, où pourront être hébergés jusqu’à 80 apprentis footballeurs.

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Le centre de formation comprend également 4 terrains d’entraînement aux normes Fifa, dont 3 synthétiques, des locaux administratifs, des salles de cours et des salles de sport. Le grand stade sera quant à lui livré en 2017. « Il peut accueillir 5 000 spectateurs, mais sa capacité sera portée à 15 000 places », précise Antonio Souaré. Par ailleurs, pour que ces infrastructures soient ouvertes à tous, un bâtiment, dont la construction n’a pas encore commencé, permettra d’héberger des clubs qui n’ont pas beaucoup de moyens.

Situé au pied du mont Kakoulima (plus connu sous le nom de montagne du Chien qui fume), idéal pour les amateurs de randonnées, mais aussi proche du littoral et de la capitale, le centre bénéficie d’un emplacement privilégié. L’homme d’affaires veut donc également y ouvrir un complexe de loisirs haut de gamme, avec un hôtel 5 étoiles et un restaurant panoramique (en cours de construction), une piscine, un circuit sportif sécurisé… « Cela permettra d’accueillir de grands clubs ou des équipes nationales pour des stages, mais aussi des touristes », explique Antonio Souaré, qui espère un retour sur investissement.

BUSINESS ET PAILLETTES

Né à Kindia le 10 mai 1952, Antonio Souaré a fait ses études supérieures à l’institut polytechnique de l’université Gamal-Abdel-Nasser (UGANC) de Conakry, au sein duquel, en tant que secrétaire aux sports et à la culture, il organisait les grands événements et s’occupait des étudiants sud-africains réfugiés en Guinée pour fuir le régime d’apartheid. Une fois diplômé, l’ingénieur en télécoms démissionne rapidement des PTT, où il a été affecté, pour suivre des formations en marketing et en management, en Europe et au Japon, qui lui permettent de devenir le représentant de la marque automobile Mazda en Guinée. Parallèlement, il continue d’organiser des événements culturels et devient le manager de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba.

Avec elle, il ouvre en 1979 le premier night-club de Conakry, Le Zambézi (il créera ensuite L’Hexagone, en 1986), et, pendant des années, l’accompagne aux quatre coins du monde – « Elle me considérait comme son fils adoptif », se souvient-il. Même pendant ses tournées à l’étranger, Antonio Souaré a toujours gardé sa casquette de businessman ; c’est par exemple lors d’une série de concerts en Amérique latine qu’il devient représentant de Mazda au Brésil. En 1992, il intègre le groupe international Oberthur Technologies, puis crée le Groupe Business Marketing (GBM) au début des années 2000 et rachète la société de paris sportifs Guinée Games au début de 2008. Aujourd’hui, la filiale, fleuron du groupe et accessoirement sponsor du Sily national et de la CAF, est présente dans 17 pays. Également actif dans la téléphonie mobile, l’agriculture et l’immobilier, GBM emploie 17 400 personnes en Guinée.

« Cela fait de nous le deuxième employeur du pays », se félicite Souaré. Lequel « n’a jamais eu la moindre ambition politique », souligne l’un de ses proches. Ce qui est assez rare ces temps-ci pour être signalé. L’homme d’affaires se diversifie dans les médias. Il est en train de finaliser le lancement de sa chaîne de télévision CIS-TV, consacrée au sport et à la culture, dont les débuts ont été retardés, l’an dernier, à cause de la crise sanitaire. En août 2015, GBM a par ailleurs pris une position majoritaire (51 %) dans le capital de la société de production sénégalaise Sen Média Prod, basée à Dakar.

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