Tunisie – Kamel Ayadi : « Nous allons réhabiliter la fonction étatique de contrôle » anti-corruption

Auparavant militant au sein de la société civile, Kamel Ayadi est aujourd’hui ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption au sein de gouvernement tunisien.

Kamel Ayadi © Hichem

Kamel Ayadi © Hichem

Publié le 4 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Acteur de la société civile, vous êtes, depuis janvier, le ministre chargé de la lutte contre la corruption. Votre point de vue sur la question a-t-il changé ?

Kamel Ayadi : Pas vraiment. Fort d’une expérience de trente ans en tant que commis de l’État, doublée d’un parcours militant dans la société civile, je suis convaincu que cette thématique ne peut être appréhendée selon des méthodes conventionnelles bureaucratiques et demande de l’enthousiasme et un leadership.

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Sous Ben Ali, en 2009, j’ai fait le pari fou, via le Centre tunisien de lutte contre la corruption, que j’avais créé avec l’appui d’instances internationales, de travailler sur ce sujet au sein du corps des ingénieurs qui intervient à toutes les étapes de la réalisation de projets et, partant, dans les marchés publics. À la dénonciation de personnes ou de pratiques douteuses, nous avions préféré un plan préventif fondé sur un système de gestion. Dans mon approche, cet axe reste primordial.

Sans une adhésion de la société et une convergence des positions, rien n’est possible

La mise en place des réformes est-elle appuyée par une réelle volonté politique ? Comment faire face aux pressions partisanes ?

La toute récente adoption du projet de loi sur le droit à l’accès à l’information a été un exercice édifiant tant le projet était controversé. À force de dialogue, une confiance a été établie entre le gouvernement, les députés et la société civile. Les attentes de cette dernière ont été prises en compte. On a levé des réticences en expliquant que l’information devait consacrer la transparence, la redevabilité et la participation citoyenne, mais sans porter atteinte aux intérêts supérieurs de l’État. Pour la lutte contre la corruption, l’approche sera similaire : sans une adhésion de la société et une convergence des positions, rien n’est possible.

L’Administration est désignée comme l’un des corps les plus corrompus. Comment agir ?

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Dans quelques semaines, un plan d’action sera présenté en Conseil ministériel restreint. Il réhabilitera la fonction de contrôle et proposera une stratégie sectorielle de mise en place de la gestion d’intégrité qui permet aux acteurs de se réapproprier leur secteur. Les responsabilités en matière de lutte anticorruption doivent être délimitées et réparties entre les différents pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire. Sans oublier les instances indépendantes constitutionnelles et les autorités administratives indépendantes. Un effort pédagogique de délimitation rigoureuse des responsabilités est plus que nécessaire.

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