Madagascar : Ravalomanana ou Marc-la-revanche
Ravalomanana a décidé de se présenter à l’élection présidentielle de 2018. Son adversaire ? La France, qu’il juge complice de sa chute il y a sept ans.
Depuis sa tournée de quasi-chef d’État en Asie, en janvier, personne ne doutait plus de sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle de 2018. Marc Ravalomanana a dévoilé ses intentions ce 24 mars, en marge d’une rencontre avec une mission électorale du Pnud. Un hasard ? « On est en plein dans les commémorations du 29 mars 1947, qui rappellent la violente répression par les colons de l’insurrection malgache », souligne un proche conseiller du président Hery Rajaonarimampianina.
Le message, subliminal, n’est pas innocent. Depuis qu’il a été chassé du pouvoir, en mars 2009, Ravalomanana conserve une dent contre la France. Il avait alors accusé Paris de soutenir son successeur, Andry Rajoelina. « L’objectif est de recoloniser Madagascar et d’asservir le peuple malgache, avait-il déclaré. La France ne veut pas que Madagascar se développe. Elle ne voit que ses propres intérêts. »
Ravalomanana, bientôt candidat contre la France ?
Autre coïncidence : l’annonce de sa candidature est intervenue à la fin de la visite de Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l’OIF, venue faire le point sur l’organisation du prochain sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre à Antananarivo. « Ce sommet passe pour une gabegie, constate Toavina Ralambomahay, analyste politique et membre d’un petit parti d’opposition. Le peuple vit dans la misère et personne n’a l’impression d’en profiter. Ici, tout le monde en veut un peu à la France. D’ailleurs, le problème des îles éparses ne refait pas surface par hasard. » De fait, depuis quelques mois, de petites manifestations ont régulièrement lieu dans le centre de la capitale pour réclamer le rattachement à Madagascar de ces territoires sous administration française riches en hydrocarbures.
Alors, Ravalomanana, bientôt candidat contre la France ? Pas sûr, car la justice pourrait bien contrecarrer ses ambitions. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, en août 2010, pour avoir fait tirer sur la foule en 2009, l’ancien président, qui n’a jamais purgé sa peine, ne peut a priori pas se représenter. Prudent, le ministère français des Affaires étrangères s’est quant à lui refusé à tout commentaire.
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