Infrastructures : en Côte d’Ivoire, le turc Limak pose les bases de son développement régional

Aujourd’hui un complexe industriel près d’Abidjan, demain des centrales électriques… Le conglomérat ne cache pas ses ambitions dans le pays. Objectif : en faire son hub pour l’Afrique de l’Ouest.

Nihat Ozdemir, PDG du groupe Limak (g) et Edoh Jean-Claude Ayanou (d), PDG d’Afrikbat SA © DR

Nihat Ozdemir, PDG du groupe Limak (g) et Edoh Jean-Claude Ayanou (d), PDG d’Afrikbat SA © DR

Publié le 22 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

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Après plus de deux années de discussions avec le gouvernement de Côte d’Ivoire, le conglomérat industriel Limak Group of Companies a finalement lancé ses investissements dans le pays. Le 18 décembre 2015, en compagnie du Premier ministre Daniel Kablan Duncan et de plusieurs autres membres du gouvernement ivoirien, Nihat Ozdemir, le président du groupe, a posé la première pierre d’un complexe dans la nouvelle zone industrielle d’Abidjan, PK 24. Celui-ci regroupe une cimenterie d’une capacité annuelle de 1 million de tonnes, une unité de fabrication de béton prêt à l’emploi de 1 million de m3 par an et une usine de fabrication d’agrégats en granit.

Le plan de développement de Limak, troisième plus grand groupe privé de Turquie, prévoit dans un deuxième temps la mise en place d’une unité de production d’éléments préfabriqués en béton et d’une autre, entièrement robotisée, de briques agglomérées haute résistance, également en béton. La dernière étape consistera à doubler à la fois la capacité de la cimenterie et de celle de l’unité de fabrication de béton. Le montant global de l’investissement de ce méga-complexe industriel est estimé à 150 millions d’euros.

Le groupe turc a créé Limak Afrika en partenariat avec l’ivoirien Afrikbat, qui a pris 49 % du capital.

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Pour porter ses projets, le groupe turc a créé Limak Afrika en partenariat avec l’ivoirien Afrikbat, qui a pris 49 % du capital. « Nous avons préféré démarrer par une cimenterie, parce que les besoins de la Côte d’Ivoire sont estimés à environ 10 millions de tonnes à l’horizon 2020, alors que les capacités annuelles cumulées de toutes ses usines représentent actuellement à peine 4,5 millions de tonnes », confie Edoh Jean Claude Ayanou, le président de Limak Afrika, également PDG d’Afrikbat. En attendant de se lancer dans les grands travaux et la production d’énergie, ses cœurs de métier, le groupe construit également 3 000 logements sociaux pour un investissement de 80 millions d’euros.

Fin février, Limak a pu réaffirmer ses ambitions en Côte d’Ivoire à l’occasion de la visite dans le pays du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Des négociations ont commencé avec le gouvernement pour la réalisation de projets d’infrastructures. Limak s’intéresse notamment à la construction de l’aéroport international de San Pedro. Ce projet encore à l’étude, évalué à 500 milliards de F CFA (plus de 760 millions d’euros), devrait permettre d’accueillir des vols en provenance d’Europe. Limak a aussi fait part de sa volonté de construire des centrales électriques, comme il l’a fait en Turquie et dans les Balkans, où il produit 3 000 MW pour 11 millions d’utilisateurs.

Confidentiel

Autres secteurs prospectés : l’agroalimentaire et le tourisme. « Nous souhaitons faire de la Côte d’Ivoire notre hub ouest-africain afin de pouvoir nous projeter dans les pays de l’UEMOA, puis nous étendre à toute la Cedeao » explique Edoh Jean-Claude Ayanou. En point de mire : le Togo, la Guinée, le Mali, le Ghana et le Nigeria.

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Limak est aussi entré en février, sans passer par sa filiale africaine, sur le marché sénégalais. Associé à Summa, un autre groupe turc déjà présent dans le pays – il a construit le centre international de conférences Abdou-Diouf de Diamniadio -, le conglomérat a fait une offre au gouvernement pour achever, pour un montant tenu confidentiel, la dernière tranche des travaux de l’aéroport Blaise-Diagne, après le départ du groupe saoudien BinLadin. À la réception de l’ouvrage, Limak pourrait également briguer sa gestion. Le groupe allemand Fraport, qui avait obtenu la concession pour une durée de vingt-deux ans en 2012, y a renoncé.

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Si les relations économiques entre la Côte d’Ivoire et la Turquie demeurent limitées, leurs échanges commerciaux progressent fortement depuis une décennie. Ils sont passés de 34,36 milliards de F CFA en 2004 (plus de 52 millions d’euros) à 190 milliards en 2014. Dans le secteur du BTP, Limak n’est d’ailleurs pas le seul groupe turc présent. Dans son sillage, Inci Group, via sa filiale Inci Béton, a investi 17 millions de dollars (15,5 millions d’euros) dans la construction d’une usine de fabrication de béton. Inaugurée le 29 février en présence d’Alassane Dramane Ouattara et de Recep Tayyip Erdogan, l’unité a une capacité de production de 100 000 m3 par an, qui devrait être triplée dans les quatre ans. À terme, Inci Group souhaite implanter une cimenterie mais devra attendre la finalisation des études d’impact environnemental.

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