RDC : comment Michel Losembe a perdu la direction de la Biac

C’est le directeur général de la Biac qui paie les pots cassés. Son sort a été expédié en six jours par le conseil d’administration.

Michel Losembe sera resté trois ans à la tête du groupe. © Baudouin Mouanda/ J.A.

Michel Losembe sera resté trois ans à la tête du groupe. © Baudouin Mouanda/ J.A.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 26 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

En annonçant, le 31 mars, que le mandat de trois ans de Michel Losembe à la tête de la Biac ne sera pas renouvelé à son échéance, le 15 avril, le conseil d’administration du groupe d’Elwyn Blattner a expliqué qu’il souhaitait « insuffler une nouvelle dynamique, avec d’autres méthodes de management et de gestion ». Michel Losembe, ce professionnel de 52 ans apprécié par ses pairs et qui a dirigé pendant dix ans la filiale de Citibank à Kinshasa, aurait-il failli dans sa mission ?

Des sources au sein de la Biac assurent que non : « Il a fait un excellent travail de nettoyage de bilan en provisionnant toutes les créances douteuses. On peut lui reprocher de n’avoir pas réussi à recouvrer ces dettes, mais celles-ci ont été octroyées avant son arrivée. »

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Fils de l’ancien ambassadeur et sénateur Mario Losembe Batwanyele, le banquier formé à l’Institut catholique des hautes études commerciales de Bruxelles paierait en réalité, d’après nos informations, pour un certain nombre de désaccords avec Elwyn Blattner dans la mise en œuvre de la restructuration de la Biac.

Par ailleurs, l’unique actionnaire considérerait que Losembe, en tant que candidat malheureux au poste de gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), était devenu un point de crispation dans les relations avec l’actuel gouverneur. En exclusivité, J.A. retrace la chronologie de son licenciement.

SAMEDI 26 MARS

Charles Sanlaville, ancien directeur général de la Biac, convoque une réunion du conseil d’administration (qu’il préside) pour le lundi suivant. Il veut parler de la situation de la banque et des mesures urgentes à prendre. Au sein de l’établissement, il se murmure déjà que la famille Blattner veut « virer » Losembe au motif qu’il ne plaît pas à l’establishment politique, ce qui expliquerait la pression du gouvernement sur la Biac. En attendant, la ruée sur les dépôts de la banque se poursuit.

LUNDI 28 MARS

Le vice-gouverneur de la BCC, dans une tentative désespérée d’obtenir de la famille qu’elle injecte du capital dans la Biac, envoie vers 11 heures une invitation à Elwyn Blattner à se rendre à une réunion d’urgence à 15 heures, obligeant ce dernier à reporter la réunion du conseil d’administration au mardi 9 heures.

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MARDI 29 MARS

En présence de représentants de la BCC, les six administrateurs de la Biac se réunissent enfin. Blattner annonce que la BCC aurait exigé la tête du directeur général lors de la réunion de la veille, mais le conseil n’a pas le temps d’adopter la résolution car Losembe fait valoir un défaut de quorum (deux administrateurs invalidés par défaut d’agrément de la BCC).

Le même jour, le quotidien Le Potentiel annonce la démission de Losembe et son remplacement par Anne Mbuguje lors du conseil du 28 mars… qui n’a jamais eu lieu !

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JEUDI 31 MARS

Après avoir fait revalider par la BCC les deux administrateurs désavoués le 29 mars, le conseil de la Biac se tient enfin. Comme par hasard, il annonce que le contrat de Losembe ne sera pas renouvelé au-delà de sa date d’échéance, le 15 avril, et lui donne décharge de son mandat de trois ans à la tête de la banque. Ce n’est donc plus une « démission », mais bien une séparation brutale.

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