Football ivoirien : Séverin Kouabénan Yoboua et l’AS Tanda au top

Séverin Kouabénan Yoboua a plusieurs casquettes : député-maire de la circonscription d’Assuéfry-Transua, en pays zanzan, homme d’affaires… et président de l’AS Tanda. Avec un succès certain.

L’AS Tanda, championne de Côte d’Ivoire en août 2015. © FIF / DR

L’AS Tanda, championne de Côte d’Ivoire en août 2015. © FIF / DR

Alexis Billebault

Publié le 10 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

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La nouvelle Côte d’Ivoire

Croissance, dynamisme, pacification… Le pays s’impose à nouveau comme le modèle à suivre en Afrique de l’Ouest. Six mois après sa réélection, Alassane Ouattara a cependant de nombreux défis à relever. Comme l’amélioration du quotidien des Ivoiriens, la future Constitution et la fusion du RDR et du PDCI.

Sommaire

Depuis le sacre de l’Africa Sports, en 2011, le championnat ivoirien échappe aux grands clubs d’Abidjan. Le Séwé Sports de San Pedro a raflé la mise trois fois de suite, et, en août 2015, c’est l’Association sportive de Tanda (AS Tanda) qui a été sacrée championne de Côte d’Ivoire pour la première fois de son histoire, après un duel serré contre les Abidjanais de l’Asec Mimosas, le club au parcours le plus prestigieux du pays (24 titres, 18 coupes nationales, 15 coupes Houphouët-Boigny et 1 Ligue des champions).

L’irrésistible montée des Étoiles du Zanzan

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Cette saison, les Étoiles du Zanzan (surnom des joueurs de l’AS Tanda) ont toutes les chances d’ajouter un titre à leur palmarès, puisque, début avril, ils ont vaincu l’Africa Sports d’Abidjan dans une rencontre comptant pour la Ligue 1, le championnat national. Le club, qui évoluait en 3e division il y a moins de cinq ans, semble s’être installé durablement en haut du classement.

« Il faut juste espérer qu’il s’inscrira dans la durée. On voit que son prédécesseur dans le palmarès, le Séwé Sports, a perdu du terrain. Eugène Diomandé, son président, est moins présent, il a vu qu’un club de foot coûtait beaucoup d’argent », remarque un cadre du football ivoirien. « Ici, les droits télévisés sont modestes [5 millions de F CFA, soit 7 600 euros], le sponsoring rare, et les clubs ne touchent qu’une subvention de la fédération [50 millions de F CFA], poursuit-il. L’AS Tanda a certes des moyens, grâce à son président, Séverin Kouabénan Yoboua, mais il manque de structures. »

Ce que confirme l’intéressé : « Le stade municipal de Tanda n’était pas homologué pour la Ligue des champions et on a dû jouer à Abidjan. Pour les matchs de championnat, on utilise celui de Bondoukou. »

Actif sur tous les fronts

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Fondé au milieu des années 1960, ce club, dont la réputation n’avait guère franchi les limites de la région du Gontougo (dans le nord-est du pays), doit en effet beaucoup à son président, Séverin Yoboua. Cet ambitieux quadra s’active sur tous les fronts. Député-maire de la circonscription d’Assuéfry et Transua (communes situées respectivement à 25 km et 40 km au sud de Tanda), il est membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), d’Henri Konan Bédié, dont il est proche, et qui est bien implanté dans le district de Zanzan.

Une progression impulsée par d’importants financements et la venue de joueurs de seconde division

« J’ai des affaires dans le transport, les plantations, l’électrification rurale, mais le football a toujours été ma passion, explique-t-il. J’ai joué à l’AS Tanda quand j’étais plus jeune et j’y suis forcément attaché. En 2009, quand on est venu me proposer d’en prendre la direction, je ne me souviens pas d’avoir hésité.

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Le club était en 3e division, il n’avait pas de moyens, pas de projet. J’ai donc décidé d’y injecter de l’argent et de recruter des joueurs qui évoluaient dans des divisions supérieures. J’ai proposé de bons salaires. Et ça nous a permis de monter tout de suite. »

Le temps et la patience

Il y a deux ans, Séverin Yoboua a recruté l’ancien sélectionneur des Éléphants, Georges Kouadio, pour lui confier la direction sportive du club. « Malgré toutes ses activités, Séverin est présent au club. Mais il sait déléguer, il n’est pas du genre à demander à l’avance la composition de l’équipe. Et il sait que le plus dur commence, que la réussite dans le foot est une question de temps et de patience », explique Georges Kouadio. Selon lui, l’AS Tanda dispose du premier ou du deuxième budget du pays, et certains salaires, hors primes, peuvent atteindre 1 million de F CFA (1 500 euros) par mois.

L’accession à la 1re division en 2014 a été suivie en 2015 par ce titre de champion de Côte d’Ivoire et par une participation au tour qualificatif de la Ligue des champions 2016 face aux Tunisiens du Club Africain (0-2, 0-0). Cette petite déconvenue n’a nullement découragé Yoboua.

« L’objectif, c’est d’installer le club en division 1 et de le structurer », répète-t-il, ajoutant que « les relations avec les grands clubs d’Abidjan sont bonnes ». Le Français Benoît You, directeur général de l’Asec, ne dit pas le contraire. « Tanda a remporté le Championnat, il faut le féliciter. C’est une bonne chose pour le foot ivoirien que des présidents aient des ambitions, cela le tire vers le haut. »

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