Cinéma : « 10 949 Femmes », portrait d’une pionnière du combat nationaliste en Algérie

Elles furent nombreuses à avoir participé à la guerre d’indépendance et à être restées dans l’anonymat. Un documentaire rend hommage à l’une de ces Algériennes, pionnière du combat nationaliste.

Nassima Hablal, dans les années 1950. © NASSIMA GUESSOUM

Nassima Hablal, dans les années 1950. © NASSIMA GUESSOUM

Renaud de Rochebrune

Publié le 27 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Plus qu’un documentaire, 10 949 Femmes – c’est le nombre des moudjihadate inscrites dans le fichier du ministère des Anciens Combattants de la guerre d’Algérie – est le portrait d’une femme exceptionnelle, filmée au soir de sa vie. Car Nassima Hablal n’a pas seulement participé à la guerre d’indépendance, comme tant d’autres femmes – beaucoup plus, d’ailleurs, que les 10 949 recensées parce qu’elles étaient membres du FLN -, elle fut surtout une pionnière du combat nationaliste.

Née en 1928, elle milite dès 1945 au sein du Parti du peuple algérien indépendantiste, de Messali Hadj, après avoir été témoin, lors d’un voyage dans le Constantinois, de la répression de la manifestation anticoloniale du 8 mai à Sétif, qui tourna au massacre.

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Elle participe, dès sa création, en 1947, aux activités de l’Association des femmes musulmanes algériennes (Afma). Clandestinement puisque, faisant partie des rares Algériennes « éduquées », elle est alors secrétaire au cabinet du Gouvernement général, à Alger. Dès le début de la guerre d’indépendance, elle rejoint le FLN et devient la secrétaire de Ramdane Abane, tête pensante des indépendantistes.

À partir de 1956, chargée de la saisie des articles du Moudjahid, le tout nouvel organe de communication « officiel » du FLN, elle jouera aussi un rôle important auprès d’Aïssat Idir, qui dirige alors l’UGTA, premier syndicat « libre » lié au parti nationaliste.

Après l’indépendance, la désillusion 

Arrêtée pendant la bataille d’Alger, en février 1957, juste après Larbi Ben Midhi, elle sera torturée et ira de prison en prison, jusqu’à ce que, placée en métropole en résidence surveillée, elle réussisse à s’enfuir et à rejoindre la place forte du FLN à Tunis.

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Puis ce sera l’indépendance et, surtout, le début des désillusions, notamment sur le sort réservé aux femmes. Car celles dont on avait tant célébré l’action durant le conflit seront vite considérées comme des « mineures » et placées sous la tutelle des hommes.

Ne faisant pas partie du 1 % de celles qui ont mené des actions armées souvent liées au terrorisme et qui ont donc connu une certaine notoriété, elle tombera dans l’oubli, comme presque toutes ses sœurs de combat. À tel point que, quand elle décède, en 2013, elle est enterrée dans l’intimité, sans qu’aucun hommage ne lui soit rendu.

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Jusqu’à ce très beau documentaire, premier long-métrage de Nassima Guessoum, historienne spécialiste de la guerre d’indépendance. Un témoignage de la vie de cette combattante rendu possible grâce aux confidences que, à plus de 80 ans, encore vive, enjouée et pleine d’humour, elle a faites à cette réalisatrice qui aurait pu être sa petite-fille.

À travers Nassima Hablal, ce sont évidemment toutes les Algériennes, et en particulier toutes celles qui ont combattu pour l’indépendance, que 10 949 Femmes entend célébrer en sortant de l’oubli cette indomptable.

DR

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10949 Femmes, de Nassima Guessoum (Sortie en France le 27 avril)

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