Formation : au Maroc, HEM ne rentre pas dans le rang

L’institut refuse le diktat des accréditations internationales et défend un modèle plus en phase avec les besoins du royaume.

Le campus de Marrakech. Le taux de réussite au concours d’entrée est de 60 %. © HEM

Le campus de Marrakech. Le taux de réussite au concours d’entrée est de 60 %. © HEM

Publié le 17 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Environ 60 % des jeunes Africains seraient sans emploi. Et chaque année, plus de 10 millions de jeunes actifs entreront sur le marché du travail. Vue de l’Université d’Abidjan, le 29 janvier 2013. © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique
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Lorsqu’en 1988 Abdelali Benamour, professeur d’économie et ancien directeur du prestigieux Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (Iscae), décide de fonder une école de management privée avec un concours d’entrée qui ne soit pas une simple formalité, beaucoup sont incrédules.

« Pour mon père, l’exigence devait primer. Mais à l’époque, ce n’était pas forcément évident de refuser des enfants de notables », raconte Yasmine Benamour, aujourd’hui administratrice directrice générale de l’Institut des hautes études de management (HEM Business School). Et d’ajouter : « Cette année, 60 % des étudiants qui passaient le concours ont été admis. »

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L’objectif est de faire baisser le taux d’échec au sein d’HEM

Contrairement à la plupart des écoles de management, qui se concentrent sur un seul site, HEM Business School a fait le choix d’être présente dans différentes villes du Maroc. Après le campus de Casablanca, celui de Rabat a ouvert en 1993, celui de Marrakech en 2004, celui de Tanger en 2008 et celui de Fès en 2010. Le dernier établissement du groupe s’est implanté à Oujda en 2013.

« Au Maroc, les étudiants n’ont pas toujours les moyens de s’inscrire dans une école privée, reconnaît Yasmine Benamour. Les meilleurs vont donc plutôt dans le public. » De fait, les business schools marocaines les plus cotées – HEM compris – affichent des frais de scolarité autour de 70 000 dirhams par an (environ 6 350 euros). « Nos candidats sont bons quand ils entrent chez nous, assure néanmoins la fille d’Abdelali Benamour.

Notre défi est que, quand ils en sortent, ils soient aussi bons, voire meilleurs, que ceux des grandes écoles publiques. » Résultat : 25 % de l’effectif quitte le campus faute d’avoir réussi aux examens. C’est beaucoup, concède la directrice, qui n’hésite pas à parler d’échec pédagogique : « Notre objectif, c’est de faire baisser ce taux. »

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Des pratiques innovantes 

La recette de HEM, c’est d’innover sur le plan pédagogique pour accompagner au mieux les élèves : le tutorat individuel existe depuis longtemps, et le tutorat de groupe a été mis en place il y a quelques années. Autre nouveauté : les séances de « cristallisation », qui permettent de vérifier les acquis des cours. Enfin, le développement personnel n’est pas laissé de côté : culture, sport et projets citoyens se taillent une bonne place dans l’emploi du temps des étudiants.

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Cette année, l’école s’est vu ravir sa place de leader marocain dans le classement Eduniversal (qui fait la part belle aux partenariats et à la participation aux associations internationales) par l’Esca. Cet établissement, fondé en 1992 à Casablanca, accueille plus de 1 000 étudiants de 19 nationalités différentes et affiche clairement des ambitions panafricaines. HEM, elle, veut d’abord enraciner son modèle dans le royaume, en plein développement économique.

Un choix qui laisse de côté, pour le moment, la recherche d’accréditations mondiales comme Equis, Epas ou AACSB. « Je connais les cahiers des charges par cœur, ce n’est pas adapté au Maroc, estime Yasmine Benamour. Il faut beaucoup de moyens et un taux d’étudiants internationaux énorme. Et seule la recherche fondamentale est reconnue, or nous avons plus d’impact dans la recherche appliquée. »

Pour sa directrice, l’entrée de la Société financière internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale) dans le capital de HEM, en 2014 (avec un apport de 7 millions de dollars, soit environ 5,8 millions d’euros à l’époque), valide le modèle de l’école. Parmi les objectifs : l’installation d’une « université des métiers » à Tanger, en septembre, qui proposera des licences professionnelles pour accompagner le développement de la zone économique de Tanger Med.

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