Finance : en Tunisie, l’aide du FMI fait débat

«Mettez en place des réformes économiques, nous vous financerons. » C’est en substance la condition que pose le FMI à la Tunisie pour l’octroi d’un prêt de 2,8 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros), décaissés en quatre tranches et remboursables avec un taux d’intérêt compris entre 1 % et 3 % sur quatre à dix ans.

Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. © Alex Brandon/AP/SIPA

Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. © Alex Brandon/AP/SIPA

Publié le 18 mai 2016 Lecture : 1 minute.

À charge pour les autorités du pays d’engager un calendrier de réformes structurelles – et de le respecter -, notamment en matière de gestion du budget de l’État, de fiscalité et d’investissement, ainsi qu’une refonte du secteur bancaire public et la révision du statut de la Banque centrale de Tunisie.

« Le pays est parvenu à arracher la confiance du FMI », estime Walid Bel Haj Amor, vice-président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), qui soutient que ce prêt « pourrait booster l’économie nationale ».

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Un mécanisme exceptionnel

Mais la manœuvre ne plaît pas à tous. « Le FMI est un fonds de sauvetage qu’on sollicite exceptionnellement, pas en continu », remarque Hassine Dimassi, ex-ministre tunisien des Finances, faisant allusion aux 1,74 milliard de dollars déjà obtenus en 2013. Tous les économistes sont d’accord pour que ces crédits servent à investir et à développer, non à régler les dépenses publiques, dont les salaires. Avec, fin 2015, une dette estimée à 53,4 % du PIB, une masse salariale de la fonction publique équivalant à 13 % du PIB et un investissement global qui peine à atteindre les 15 %, ces inquiétudes sont légitimes.

Mais Habib Karaouli, PDG de la Banque d’affaires de Tunisie, se montre critique : « La relation est asymétrique. La Tunisie se présente aux négociations sans plan, sans stratégie. À défaut, le FMI impose ce qu’il estime indispensable. La priorité aurait dû être donnée aux solutions endogènes, d’autant que la structure de la dette a été inversée en étant réalisée à 60 % à l’international, ce qui la rend insoutenable. C’est un mauvais service à rendre aux générations futures. »

Avec 5 milliards de dinars (2,17 milliards d’euros) à restituer en 2016 et 8 milliards en 2017, l’avenir s’annonce délicat. Des épreuves qui auraient pu être évitées en mobilisant des ressources, notamment au niveau national.

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