Côte d’Ivoire – Algérie : Alassane Ouattara met le turbo
Alors qu’il entretient des relations privilégiées avec le Maroc, le président ivoirien ne s’était jamais rendu en Algérie. Objectif de sa visite : dynamiser les échanges économiques et rééquilibrer sa diplomatie.
Alassane Ouattara, le 6 mai 2001 à Abidjan. © Emanuel Ekra/AP/SIPA
Publié le 11 mai 2016 Lecture : 2 minutes.
À grand renfort d’images fortes et de symboles, Alassane Ouattara, accompagné de Dominique, son épouse, native de Constantine (à quelque 400 km à l’est d’Alger), a effectué sa première visite d’État en Algérie du 2 au 5 mai. Un voyage qui a suscité de nombreux commentaires : le président ivoirien, qui entretient des relations très étroites avec Mohammed VI, avait plusieurs fois reporté cette visite afin d’éviter de froisser le Maroc, dont les entreprises sont devenues les premiers investisseurs en Côte d’Ivoire.
« Les Marocains ont été informés de ce voyage prévu de longue date et n’y ont vu aucun inconvénient. Nous souhaitons équilibrer nos relations avec les pays du Maghreb », souligne un proche de Ouattara. Les deux parties ont accéléré les préparatifs de cette visite à la mi-avril, à Istanbul, en marge du sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Accueil en grande pompe
Le 2 mai à Alger, Alassane et Dominique Ouattara ont été accueillis à l’aéroport international Houari-Boumédiène par Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation (Sénat), et Abdelmalek Sellal, le Premier ministre. Vingt et un coups de canon ont été tirés en leur honneur. Le président ivoirien et son épouse se sont ensuite recueillis au Carré des martyrs de la guerre d’Algérie, où ils ont déposé une gerbe de fleurs en hommage aux victimes de ces heures sombres.
Dès le 3 mai, Alassane Ouattara s’est entretenu avec plusieurs personnalités, dont Mohamed Larbi Ould Khelifa, le président de l’Assemblée populaire nationale, et Abdelmalek Sellal, et, surtout, avec le président Abdelaziz Bouteflika. Au cœur de leurs échanges : la lutte antiterroriste, l’élection du prochain président de la Commission de l’UA et le développement des relations commerciales.
L’économie en priorité
Parmi les priorités, la négociation de contrats avec la société nationale Sonatrach pour la livraison de gaz naturel algérien et l’ouverture du marché ivoirien aux investisseurs algériens. Trois accords de coopération dans le domaine de l’agriculture, de l’enseignement et de la diplomatie ont été conclus. « Ce voyage revêtait une importante dimension économique. Le président a invité les Algériens à investir chez nous. Il a visité plusieurs entreprises à Constantine, qui viendront prospecter bientôt à Abidjan », explique un membre de la délégation.
Selon nos informations, un grand forum économique bilatéral devait être organisé à Alger le 3 mai, en marge de la visite. Mais, prévenu très tard, le patronat ivoirien a préféré ne pas improviser et a promis d’organiser cette rencontre d’ici à la fin de l’année. En attendant, la commission mixte de coopération, qui ne s’était pas réunie depuis 1996, a été réactivée.
