Congo-Brazzaville : qui est Clément Mouamba, le nouveau Premier ministre ?

Après plus de vingt ans passés dans l’opposition au régime du président Sassou Nguesso, ce banquier au long cours dirige désormais le gouvernement congolais.

Le nouveau Premier ministre, à Brazzaville, le 30 avril. © DR

Le nouveau Premier ministre, à Brazzaville, le 30 avril. © DR

CECILE-MANCIAUX-2024

Publié le 10 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Il est un peu le symbole de cette « nouvelle République » et du gouvernement « de rupture » voulus par Denis Sassou Nguesso après sa réélection, le 20 mars. Clément Mouamba, 72 ans, Premier ministre du Congo depuis le 23 avril, avait en effet pris position contre la réforme constitutionnelle – conformément à la décision du parti d’opposition auquel il appartenait alors, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) -, avant de participer, mi-2015, au dialogue politique de Sibiti organisé par le pouvoir et de se rallier à ses conclusions.

Sibiti, dans le département de la Lekoumou, où ce fils d’agriculteur est né « vers la fin de 1943 ou le début de 1944 » (l’état civil colonial étant aléatoire), au sein d’une famille nombreuse.

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Au cœur du système financier Congolais

Élève brillant, Clément Mouamba fréquente le lycée technique de Brazzaville et part ensuite étudier en France, à Montpellier, puis à la Sorbonne, où il obtiendra un doctorat en sciences économiques. En 1973, il intègre la BEAC à Yaoundé. Six ans plus tard, il en est le sous-directeur. Denis Sassou Nguesso, qui vient d’accéder au pouvoir, le remarque, en fait son conseiller économique et financier, avant de le propulser à la tête de la Banque internationale du Congo (BIDC), puis de la Banque commerciale du Congo (BCC), en 1985.

La BCC, qui mettra la clé sous la porte en 1992, c’est l’unique point faible du CV de cet économiste réputé indépendant, rigoureux et travailleur. On lui a beaucoup reproché cette faillite. Mais, s’il reconnaît des erreurs de gestion, l’intéressé met en avant une conjoncture trop aisément occultée : premier acteur économique du pays à l’époque et premier partenaire de la banque, l’État, sinistré, ployait sous le poids de l’ajustement structurel et de l’instabilité politique.

La même année, alors que Sassou Nguesso quitte la présidence, Mouamba abandonne la formation de ce dernier, le Parti congolais du travail (PCT), se fait élire député de Sibiti et rejoint le premier gouvernement formé par le nouveau chef de l’État, Pascal Lissouba, en tant que ministre de l’Économie et des Finances. En raison de ses désaccords avec la « bande des quatre » qui entoure le président, il n’est pas reconduit à son poste en 1995.

Il a appris sa nomination en regardant la télévision

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Il regagne alors la BEAC, où il officie en tant que conseiller du gouverneur, et se tient à l’abri de la guerre civile de 1997. Il ne rentrera au Congo qu’en 2001, à l’occasion du « procès Oxy » contre le régime déchu, au cours duquel il livre son témoignage. En 2008, l’heure de la retraite sonne pour ce père de quatorze enfants, qui, dès lors, partage son temps entre Sibiti et sa résidence du quartier de Moungali, à Brazzaville.

Exclu de l’Upads en juillet 2015 pour avoir accepté de dialoguer avec le pouvoir, Clément Mouamba est consulté au lendemain de l’élection présidentielle par Denis Sassou Nguesso sur la formation de la nouvelle équipe et sur son propre sort. Mais, fidèle à sa réputation, le président congolais ne s’engage sur rien : « Le chef de l’État m’a demandé comment je réagissais au fait que je sois cité dans les journaux comme premier ministrable. Il s’est ensuite enquis de mon état de forme physique, intellectuelle et spirituelle, puis il m’a donné congé. »

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C’est donc en regardant la télévision, le 23 avril au soir, comme tout citoyen congolais, que Clément Mouamba a vraiment appris sa nomination. Et le défi qui va avec : faire du social dans un contexte économique difficile.

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