Présidentielle au Cameroun : ils y pensent tous les matins en se rasant
Paul Biya n’est pas encore parti – loin de là. Mais certains hommes politiques camerounais préparent le terrain et s’imaginent pouvoir un jour lui succéder. Galerie de portraits.
LES ANGLOPHONES
Peter Mafany Musonge
SON PROFIL. Originaire du Sud-Ouest, ingénieur formé à Stanford (États-Unis), il préside le groupe parlementaire RDPC au Sénat.
SES ATOUTS. Premier ministre compétent et sans histoires de septembre 1996 à décembre 2004, il bénéficie d’une image d’homme intègre et rigoureux.
SES FAIBLESSES. Une santé parfois fragile et son âge, 73 ans, alors que plus de la moitié de la population a moins de 25 ans.
Akéré Muna
SON PROFIL. Avocat d’affaires, ancien bâtonnier.
SES ATOUTS. Ce fils de grande famille – son père, Salomon Tandeng Muna, fut vice-président du Cameroun – est, à 63 ans, resté proche de Paul Biya, dont il est un discret conseiller. Plutôt qu’un poste au gouvernement, il a toujours préféré qu’on lui confie des « affaires », ces dossiers où l’avocat qu’il est défend les intérêts de l’État, comme dans le dossier Albatros. Ancien président du Conseil économique et social de l’Union africaine, il dispose d’un épais carnet d’adresses.
SES FAIBLESSES. Chez les anglophones, le « crime » de son père, artisan de l’unification avec les francophones, pourrait lui coûter cher.
LES SURVIVANTS
Laurent Esso
SON PROFIL. Magistrat de formation, il est membre du gouvernement depuis plus de deux décennies sans interruption. Aujourd’hui, il est ministre d’État chargé de la Justice.
SES ATOUTS. L’insubmersible Douala de 73 ans a testé tous les ministères de souveraineté (Défense, Justice, Relations extérieures) et même le secrétariat général de la présidence.
SES FAIBLESSES. Peu populaire, il a une réputation d’homme sans affect, tout en froideur et en malice. Son mentor le garde auprès de lui pour mieux le contrôler.
René Sadi
SON PROFIL. Âgé de 67 ans, il a fait l’essentiel de sa carrière comme conseiller diplomatique de Paul Biya avant de devenir secrétaire général adjoint de la présidence, puis patron du RDPC et, depuis 2011, ministre de l’Administration territoriale.
SES ATOUTS. Ce Babouté de la région du Centre est sans doute le collaborateur qui a le plus longtemps travaillé à l’ombre du président. Son secret ? Discrétion, humilité et méfiance à l’égard notamment du monde de l’argent. Son rapide passage aux commandes du parti lui a permis de construire un réseau de fidèles qu’il continue d’étoffer à la tête du corps des préfets.
SES FAIBLESSES. Peu familier du terrain, il ne s’est jamais frotté au suffrage universel. Depuis longtemps présenté en dauphin, son aura baisse à mesure que son mentor conserve le pouvoir.
LES BUSINESSMEN
James Onobiono
SON PROFIL. Titulaire d’un doctorat en mathématiques appliquées obtenu à la Sorbonne, il a tour à tour été enseignant à l’université, chef d’entreprise et industriel.
SES ATOUTS. Yambassa de la région du Centre, il a longtemps incarné la réussite de l’entrepreneuriat camerounais. Son épouse, Marie Suzanne, est députée de Bokito (Mbam) et lui-même a toujours été une voix libre du comité central du parti au pouvoir, ayant décliné le ministère des Finances que lui proposait le président.
SES FAIBLESSES. À 64 ans, son passé de golden boy amateur de cigares roulant des mécaniques lui colle à la peau.
Paul Kammogne Fokam
SON PROFIL. Banquier, chef d’entreprise, patron de presse, le fondateur du groupe Afriland First Bank s’est construit un empire et une réputation de perfectionniste.
SES ATOUTS. À 68 ans, il a bâti l’un des plus puissants groupes bancaires d’Afrique centrale. Sa propension à financer l’économie lui a valu les faveurs du système, qui s’en méfie néanmoins depuis qu’il s’est diversifié dans les médias avec la création de Vox Africa.
SES FAIBLESSES. Un consensus tacite exclurait de la conquête du pouvoir les fortunes issues de la région des Grassfields. Il est d’usage au Cameroun de considérer que les Bamilékés ne peuvent prétendre détenir à la fois les pouvoirs économique et politique.
LES DIASPOS
Yves Ayong
SON PROFIL. Banquier, consultant en finance internationale formé à la Sorbonne et passé par l’ENA, il a fini par se lancer en politique avec l’intention avouée de briguer la présidence.
SES ATOUTS. À 52 ans, il a déjà été l’éminence grise de plusieurs chefs d’État dans l’élaboration de leurs stratégies économiques et dans la préparation de montages financiers. Visiteur régulier du président camerounais lors de ses séjours en Suisse, mais aussi de Mouammar Kadhafi, Gnassingbé Eyadéma, Omar Bongo Ondimba, John Dramani Mahama.
SES FAIBLESSES. Il pâtit du déficit de notoriété qui fait le talon d’Achille des conseillers de l’ombre. En outre, il vit en France.
Christopher Fomunyoh
SON PROFIL. Titulaire d’un doctorat de sciences politiques obtenu à Boston et passé par l’université d’Aix-en-Provence (France), cet anglophone originaire du Nord-Ouest est, à 59 ans, directeur pour l’Afrique au National Democratic Institute (NDI), le think tank créé par Madeleine K. Albright, ex-secrétaire d’État américaine.
SES ATOUTS. Son expérience dans le domaine électoral et son expertise dans le conseil et la mise en place des mécanismes démocratiques au sein des pays en crise.
SES FAIBLESSES. Installé aux États-Unis, il souffre d’une image de technocrate peu connu sur le terrain.
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