Tunisie : Slim Chiboub le repenti

Poursuivi pour corruption, il est le seul membre de la famille de Ben Ali à avoir accepté de se soumettre à la justice transitionnelle.

Slim Chiboub est le mari de Dorsaf, l’une des filles issues du premier mariage de Ben Ali. © AFP

Slim Chiboub est le mari de Dorsaf, l’une des filles issues du premier mariage de Ben Ali. © AFP

Publié le 20 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

L’homme d’affaires Slim Chiboub, gendre de Ben Ali, est le premier membre de la famille de l’ex-président tunisien à accepter de se soumettre au processus de justice transitionnelle géré par l’Instance vérité et dignité (IVD). Le 5 mai, l’ancien mais néanmoins populaire président de l’Espérance sportive de Tunis a formulé une demande en ce sens et, conformément à la loi, cosigné avec le chargé du contentieux de l’État la première convention de réconciliation établie à l’IVD. Un temps fort pour les Tunisiens, qui doutaient de l’efficacité de la justice transitionnelle et n’imaginaient pas qu’une figure de l’ancien régime puisse faire acte de repentance.

Slim Chiboub a été le seul parmi les proches de Ben Ali à avoir mis fin, en novembre 2014, à son exil aux Émirats arabes unis et à s’être présenté aux juges du pôle financier. Il a été incarcéré jusqu’en janvier 2016 pour port d’armes sans autorisation – avant d’obtenir un non-lieu – et pour deux affaires de trafic d’influence et de pots-de-vin reçus sous couvert de missions de consulting.

Pour éviter les poursuite, l’homme d’affaires s’engage à avouter ses malversations et à restituer les montants perçus

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Il aurait perçu 14 millions de dollars d’Alstom afin que la Société tunisienne d’électricité et du gaz ne relève pas les défaillances techniques ayant entaché les travaux de la troisième tranche de la centrale électrique de Radès. Il aurait également permis au groupe canadien SNC-Lavalin, contre 5,9 millions de dollars réglés à la société Brunet, qu’il détient, de remporter le contrat de construction d’une centrale thermoélectrique à Sousse.

De nombreux troubles

Toujours poursuivi dans ces deux affaires, Slim Chiboub est actuellement en liberté conditionnelle. En se présentant à l’IVD, il obtient la suspension des actions en justice et s’engage à avouer toutes ses malversations puis à restituer les montants perçus assortis d’une amende. Faute de quoi le parquet peut relancer les poursuites.

Nous n’en sommes pas là. Chiboub se montre coopératif, mais l’État se réserve le droit d’évaluer la bonne foi du requérant avant de donner par décret son accord à la procédure. L’étape de la reddition des comptes serait alors enclenchée, suivie d’un arbitrage et d’une réconciliation avec extinction des procédures pénales. De toute évidence, les négociations ont été largement entamées, d’autant que le cas Chiboub permet à l’IVD de se prévaloir d’une belle prise. Mais, à 57 ans, l’ex-champion de volley n’en a pas fini avec les tracas ; son épouse est souffrante, et il lui a fallu se battre pour conserver son domicile, qui était confisqué, comme tous ses autres biens.

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