Côte d’Ivoire : le « professeur » Kouamé N’Guessan roulait en Hummer
Bureaux fermés, domicile abandonné. Depuis quatre ans, Théodore Kouamé N’Guessan, 38 ans, est invisible.
Les nouveaux pros de l’arnaque
Ce sont les « Madoff africains ». Du Maroc au Gabon, des escrocs en col blancs font miroiter de mirifiques retours sur investissement pour mieux soutirer l’épargne de leurs victimes. Ne tombez pas dans le piège !
Après avoir escroqué de nombreux Ivoiriens pour un montant estimé à 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros), le président du mouvement patriotique Akoundan Ouflè (« nouvelle vision », en baoulé) a choisi la fuite.
Remarqué grâce à son aura
Comment ce planteur analphabète de Duékoué en est-il arrivé là ? Son ascension commence lors de la crise armée de septembre 2002. Il mobilise les membres de son ethnie pour protéger leurs plantations de cacao. Son charisme impressionne l’entourage de Simone Gbagbo, qui le fait venir à Abidjan. Là, il anime des meetings dans les espaces publics. Dans le cadre de ces « parlements », il s’arroge le titre de « professeur ».
Face à la grogne des victimes, Laurent Gbagbo intervient personnellement et le fait écrouer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan
C’est fort de cette aura qu’il se lance dans les affaires et qu’il met sur pied son arnaque. L’idée ? Faire miroiter l’accession à la propriété à des prix imbattables, moyennant tout de même un apport initial de 325 000 F CFA. À 7,5 millions de F CFA le trois-pièces, 9,5 millions de F CFA le quatre-pièces et 19 millions de F CFA le duplex de quatre pièces, beaucoup n’ont pas hésité.
Sa petite entreprise connaît rapidement le succès. Théodore Kouamé N’Guessan se déplace en Hummer – entre autres véhicules bling-bling -, suivi constamment par ses gardes du corps et une centaine de personnes qu’il entretient. Mais le 25 mars 2010, c’est la chute. Le système (de type Ponzi) s’effondre, et la supercherie apparaît au grand jour. Face à la grogne des victimes, Laurent Gbagbo intervient personnellement et le fait écrouer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Son incarcération sera de courte durée. En 2011, il profite d’une grande évasion lors de la crise postélectorale. Il s’installe alors dans la cité des Lauriers (commune de Yopougon), puis rejoint le Ghana, début 2012. Non sans avoir été la cible de deux tentatives d’assassinat, lancées semble-t-il par un commando composé de certaines de ses victimes…
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