Dans six mois…
De quoi demain sera-t-il fait ? Il nous arrive de nous poser cette question sans obtenir de réponse.
Et pourtant, la réponse existe, il suffit de savoir où la chercher : demain sera fait de ce que nous semons aujourd’hui.
En politique comme en économie, chacun, homme ou femme, pays ou entreprise, récolte au bout de quelques mois ou de quelques années les fruits de ce qu’il a semé.
Et ces fruits peuvent être doux ou amers.
Il me paraît intéressant de passer en revue quelques cas proposés par l’actualité récente pour tenter de prévoir de quoi sera faite la récolte dès la fin de cette année ou l’année prochaine.
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Nous venons d’assister à la plus étonnante des élections, celle de Sadiq Khan comme maire de Londres. Alors que triomphe chez les républicains américains un Donald Trump qui propose d’interdire l’entrée des États-Unis aux musulmans, et que l’islamophobie atteint des sommets dans toute l’Europe, une majorité de Londoniens ont donné leur voix à un musulman qui symbolise la tolérance et la mondialisation.
« Je suis londonien, européen, britannique, anglais, musulman d’origine asiatique et de culture pakistanaise. Je suis un mari et un père de famille », a répété Sadiq Khan tout au long de sa campagne.
À partir de 2017, il ne pourra pas se rendre aux États-Unis si Donald Trump en est le président ; avant cette date, le chef de l’État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, et celui d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, iront chacun de sa fatwa pour le condamner à mort.
Et tous ceux qui rêvent d’ériger des murs ou de poser des barbelés ont déjà, le plus clairement du monde, montré qu’ils désapprouvaient son élection.
Lui soutient que les musulmans ont un rôle particulier à jouer dans la lutte contre le terrorisme et le jihadisme, non pas parce qu’ils en sont plus responsables que d’autres, comme cela a été affirmé, mais parce que « nous, musulmans, pouvons être plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme islamiste ».
À qui le proche avenir donnera-t-il raison ?
Aux Londoniens et à Sadiq Khan ? Ou bien aux droites euro-américaines apeurées, en colère et antimondialistes, dont le comportement est façonné par Al-Qaïda et l’État islamique ?
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Si Donald Trump réussit, le 8 novembre, à rallier 66 millions d’Américains à sa personne et à ses théories, il sera élu à la présidence de la plus grande puissance militaire du monde et aura le doigt sur le bouton nucléaire.
Sadiq Khan sera, avec nous tous, dans l’opposition à une Amérique dont Donald Trump nous prévient qu’elle deviendra, sous sa gouverne, une « nation imprévisible », dirigée par un homme qui déclare « avoir grande confiance en son instinct et en ses tripes ».
Ceux-là même qui nous assuraient, il y a quelques mois, que Donald Trump n’avait aucune chance d’être le candidat des républicains affirment que Hillary Clinton le battra aisément en novembre prochain.
C’est plausible, mais rien n’est moins sûr.
Et savez-vous qui Trump vient de rallier à sa cause ? Sheldon Adelson, le tsar des casinos américains, dont la fortune, déjà mise au service de Benyamin Netanyahou, est dix fois supérieure à celle de Trump.
Ce dernier a donc brisé le mur de méfiance que lui opposaient les juifs américains, y compris ceux du Parti républicain, et il n’a plus aucun souci à se faire pour financer sa campagne de candidat à la présidence des États-Unis.
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Entre lui et la victoire, il y a une femme, Hillary Clinton, qui ne suscite pas l’enthousiasme des électeurs, pas même celui des électrices.
Ce n’est ni suffisant ni rassurant.
Mais on peut espérer que la personnalité de Trump, son inexpérience politique, ses outrances, sa versatilité – ses propositions changent d’un jour à l’autre – éloigneront de lui, le jour du vote, une majorité d’Américains, blancs, noirs, d’origine asiatique ou hispanique. Ils savent bien, eux, que leur pays n’est pas victime de la mondialisation, comme le soutient Trump, mais le plus grand bénéficiaire d’un ordre mondial façonné depuis soixante-dix ans par l’Amérique elle-même.
L’élection américaine se joue certes sur la personnalité des deux candidats, sur leurs équipes et leurs programmes. Mais, le 8 novembre prochain, c’est la société américaine qui s’exprimera dans ses différentes composantes communautaires et sociales : chacun récoltera alors ce qu’il a semé.
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En ce moment même, la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, est en passe d’être destituée de la fonction où le suffrage universel l’a placée. Elle y a même été élue et réélue, ce qui implique qu’elle a obtenu, à deux reprises, plus de 50 % des voix.
Mais il se trouve, ce qui est fort rare, qu’elle se maintient à un niveau d’impopularité tel qu’il en devient gênant (voir graphique ci-dessus).
Elle partage ce triste sort avec le président de la France depuis quatre ans : François Hollande.
Tout se passe pour l’une et l’autre comme si les électeurs regrettaient de les avoir élus, voulaient dire qu’ils se sont trompés et qu’ils ne les rééliraient pas.
Que se passe-t-il dans ce cas en démocratie ? Tout dépend du pays et de sa Constitution.
Au Brésil, on destitue sans attendre la fin du mandat, et c’est ce qui est en cours pour Dilma Rousseff, dont le leitmotiv, selon lequel son mandat ne s’achève qu’à la fin de 2018, ne trouve aucun écho.
Tandis qu’en France, grâce à la Constitution voulue par le général de Gaulle, le président est en fait, depuis qu’il est élu au suffrage universel, un monarque élu (mais non héréditaire).
Il est protégé pendant toute la durée de son mandat, indéboulonnable.
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Mieux encore : il conserve la possibilité de soutenir tranquillement, comme le fait en ce moment François Hollande, contre l’évidence, qu’« il a redressé la France, et que son pays va mieux ».
Élu en 2012 pour un mandat de cinq ans, impopulaire mais n’en tenant pas compte, l’actuel président de la France sera d’ici à six mois sur les rangs pour demander officiellement à ses concitoyens de lui accorder un second mandat « afin d’achever la tâche »…
Qui peut dire ce que sera le jugement des Français et des Brésiliens sur François Hollande et sur Dilma Rousseff lorsqu’ils en sauront plus, en 2017, sur leurs performances respectives ?
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