Maroc : Amine K, le DJ qui fait bouger la planète

Ce surdoué des platines électrise les foules dans le monde entier, de Genève à Ibiza. Sans oublier son Maroc natal, où il défend plus que jamais une culture underground et résolument moderne.

En septembre 2016, Amine K apporte sa table de mixage à l’Oasis Festival (photo d’illustration). © Frédéric BISSON/Flickr Creative Commons

En septembre 2016, Amine K apporte sa table de mixage à l’Oasis Festival (photo d’illustration). © Frédéric BISSON/Flickr Creative Commons

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 5 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Ses parents n’étaient pas particulièrement versés dans la musique. Son père appréciait, certes, les classiques du rock et de la chanson française, mais rien ne prédestinait le jeune Amine à devenir l’un des DJ marocains les plus doués de sa génération. Comme beaucoup, il découvre la musique électronique dans les années 1990, grâce à la télévision et aux compilations ramenées par des aînés d’Ibiza, île espagnole où se produisent les plus grands DJ. Son oncle, qui mixe dans des soirées privées, lui offre, pour ses 14 ans, « une vieille table de mixage, sans équaliseur ni technologie moderne, et un double-cassette ».

https://soundcloud.com/be-crazy-music/sets/amine-k-mayday-ep

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À la rencontre du succès

Les années passent, mais Amine n’imagine toujours pas faire carrière dans le monde de la nuit. Il se lance dans des études de finance de marché, entre la France et l’Australie, et voyage beaucoup, avant de finalement poser ses valises à Beyrouth, en 2001.

« Je me suis retrouvé dans un club, le Fu Bar. C’est là que j’ai compris que la musique allait définir ma vie », confie Amine K, DJ et producteur, qui va se forger un style éclectique. Proche de la deep house, il y ajoute une touche plus dansante, parfois tirée du blues et du jazz, sans hésiter à mêler des voix à la mélodie. Un cocktail influencé par l’Argentin Hernan Cattaneo, le Néerlandais Matthew Dekay ou le Brésilien Gui Borrato, avec lequel il se fait remarquer en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et en Australie… Puis au Maroc, où il est retourné vivre.

On assiste de plus en plus à des événements qui visent toutes les classes sociales, c’est un moyen d’aller vers la modernité

En 2009, encouragé par sa popularité grandissante, il fonde le collectif Moroko Loko, qui réunit d’autres DJ et ambitionne de « redonner vie » à une culture underground moribonde dans le royaume. Sept ans plus tard, Amine K continue son voyage de club en club, de Genève à Ibiza en passant par Marrakech, où il sera en septembre la tête d’affiche marocaine de l’Oasis Festival. Quant à son collectif, il a réussi, sous l’impulsion de DJ Unes, DJ Mar1 ou du duo Artunique, à jouer à Toronto, à Paris et à Casablanca.

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« Casa est une scène qui est en train de se développer, une multitude de clubs ouvrent, des collectifs se créent, et les gens sortent et sont friands de nouveauté », explique le producteur, qui a monté son propre studio d’enregistrement à Marrakech. « Je pense qu’il y a une dimension politique, ajoute-t-il. On assiste de plus en plus à des événements qui visent toutes les classes sociales et, dans une société maghrébine qui subit un retour en arrière en matière de mentalité et de religion, c’est un moyen d’aller vers la modernité. »

MIX DE TALENTS À SUIVRE

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Benjemy, l’électron libre tunisien

Né en 1989, il a entamé une carrière en solo en 2014. Depuis, il multiplie les scènes à Tunis et à Sousse, et s’est déjà produit en Europe aux côtés de l’Allemand Dixon ou des Italiens Tale Of Us (installés en Allemagne), considérés comme des références. Son style : une techno mélodieuse faite de synthétiseurs analogiques, de boîtes à rythme et de percussions.

https://soundcloud.com/benjemy/djerba-fest-teaseer2

Raoul K., l’enfant de Côte d’Ivoire

Installé en Allemagne depuis les années 1990, Raoul Konan s’y est fait un nom dans le milieu de l’électro. Référence dans le domaine de la house percussive, profonde et dansante, il espère aujourd’hui revenir mixer sur les rives de la lagune Ébrié et devenir, enfin, à 40 ans, prophète en son pays.

Culoe de Song, la star sud-africaine

Né Culolethu Zulu en 1990, il est, avec DJ Black Coffee, son aîné, l’une des étoiles de la scène électronique sud-africaine, dont l’afro-house fait les beaux jours depuis les années 1990. Sillonnant les meilleurs festivals de la planète, il véhicule la nouvelle influence des sonorités africaines sur l’électro européenne.

DJ Satelite, la perle angolaise

Il n’est pas encore aussi connu que son compatriote DJ Snoop, mais les sonorités house de ce Luandais ont déjà voyagé jusqu’en Europe. Un cocktail dansant de percussions et de voix mêlant kuduro, musiques brésiliennes et caribéennes et qui fait de lui la star montante de la scène électronique en Angola.

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