Portrait : Miguel Azevedo, le conseiller portugais des entrepreneurs africains
Depuis quatre ans, Miguel Azevedo pilote la banque d’investissement de l’américain Citigroup. Avec succès.
État des lieux de la finance africaine
Dans ce dossier réalisé par « Jeune Afrique », Mohamed El Kettani, PDG du groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank, défend ses choix stratégiques et dresse un état des lieux de la finance africaine. À découvrir aussi : un focus sur les banques tunisiennes, un portrait de Felix Adahi Bikpo, patron du Fonds africain de garantie, et de Miguel Azevedo, responsable de la banque d’investissement de Citigroup, et une analyse de la stratégie du spécialiste marocain de la microfinance Amifa en Afrique de l’Ouest…
«C’est une année difficile. Les gens font une pause, réfléchissent à leurs stratégies.» Lors de l’Africa CEO Forum, Miguel Azevedo fait le bilan, quatre ans après avoir pris en main l’activité banque d’investissement de Citigroup pour l’Afrique (hors Afrique du Sud et Égypte). Un choix que cet ancien de Goldman Sachs ne regrette pas, malgré le retournement de conjoncture : « 2016 sera l’année avant le rebond. En changeant de systèmes économiques et en développant l’industrie, les pays du continent appliquent un traitement de choc dont l’impact sera positif. »
Des opérations fructueuses et une intuition exceptionnelle
Côté fusions et acquisitions – sa spécialité -, la période n’est pas des plus fastes : « Les entreprises africaines sentent que ce n’est pas vraiment le bon moment pour céder. » Pourtant, Miguel Azevedo est intervenu au cœur de quelques-unes des plus importantes opérations récentes. Il a ainsi conseillé les actionnaires de Helios Towers Nigeria dans la cession de tours de télécommunications à leur concurrent IHS. Le montant du rachat n’a pas été communiqué, mais il devrait se situer, selon les estimations de J.A., autour de 200 millions de dollars (plus de 177 millions d’euros).
Quelques semaines plus tôt, ce Portugais d’origine avait bouclé l’une des opérations phares du début d’année : la vente de 40% du producteur de boissons nigérian Chi (avec une option pour une prise de contrôle progressive) à Coca-Cola, pour 240 millions de dollars en cash selon le Financial Times. En 2015, les difficultés économiques du Nigeria auront eu raison des deux principales opérations conseillées par Miguel Azevedo : le rachat du pétrolier Afren par Seplat puis la cession pour 403 millions de dollars des activités de Frigoglass dans le verre à GZI.
Miguel Azevedo a conseillé des opérations représentant plusieurs milliards de dollars
Une déception, après une année 2014 spectaculaire au cours de laquelle Miguel Azevedo et sa petite équipe spécialisée sur l’Afrique (quatre personnes à Londres et huit au Nigeria et au Kenya) avaient conseillé Brookside dans l’ouverture de son tour de table au français Danone ; la cession de la banque nigériane Enterprise Bank par Amcon ; la vente des parts du capital investisseur Actis dans la nigériane Diamond Bank ; la réorganisation des activités de Lafarge au Nigeria et en Afrique du Sud, et la création de Lafarge Africa.
En ajoutant à cela l’introduction de Seplat en Bourse, des placements privés d’Atlas Mara et de Helios Towers Africa ou les Eurobonds de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, Miguel Azevedo a conseillé des opérations représentant plusieurs milliards de dollars avec les équipes métiers de Citi (notamment celles spécialisées dans les opérations obligataires internationales, domaine dans lequel Citi est un leader en Afrique et à travers le monde).
La découverte du potentiel africain
Lorsqu’il arrive chez Citi en 2010, Azevedo ne connaît pas grand-chose au continent. Conseiller senior chez Merrill Lynch, il s’est essentiellement occupé du Portugal, ainsi que du Brésil. Pour la banque américaine, il commencera d’ailleurs par traiter les affaires liées à son pays d’origine.
«De l’Afrique, je connaissais seulement l’Angola, un pays dont j’ai parcouru 2 000 km en voiture, de Luanda à Benguela, explique-t-il. En 2012, j’ai vu une réelle occasion de développer la banque d’investissement en Afrique. Le potentiel de croissance économique, la progression rapide des marchés financiers, l’intérêt accru des investisseurs internationaux et les dynamiques sociales et culturelles me rappelaient vraiment ce que j’avais connu en Europe du Sud et au Brésil. J’ai senti que cela pourrait constituer une opportunité passionnante.»
Ses fiertés : avoir accompagné le nigérian Seplat à la Bourse de Londres, avoir travaillé avec le Kényan Muhoho Kenyatta et avoir lancé la compétition internationale autour de Chi. Avec un succès certain et un nouvel objectif : conseiller sa première opération en Afrique francophone.
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