Guinée-Bissau : de psychodrame en psychodrame

L’interminable partie de bras de fer qui oppose le parti majoritaire à l’Assemblée au président a encore rebondi, le 26 mai, lorsque ce dernier a tenté un énième passage en force pour imposer un nouveau Premier ministre.

Vue du quartier Bissau velho, le plus ancien de Bissau. © Sylvain CHERKAOUI / Jeune Afrique

Vue du quartier Bissau velho, le plus ancien de Bissau. © Sylvain CHERKAOUI / Jeune Afrique

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Publié le 2 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Au grand dam des partenaires de ce pays exsangue, comme le résumait récemment l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, médiateur de la Cedeao : « La communauté internationale va finir par se fatiguer de vos crises à répétition, elle est à bout de patience. » Abonnée aux coups d’État, assassinats politiques et autres révolutions de palais, la Guinée-Bissau détient un triste record : jamais, depuis l’instauration du multipartisme, un Premier ministre n’est allé au terme de son mandat.

  • Bicéphalisme et bisbilles
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Entre le président, élu au suffrage universel, et son Premier ministre, chef du parti majoritaire à l’Assemblée et patron de l’action gouvernementale, les conflits de légitimité et de compétences sont légion. En août 2015, le président, José Mário Vaz, a limogé Domingos Simões Pereira, son Premier ministre, à la désapprobation générale, puis nommé Carlos Correia … qu’il a congédié à son tour, le 12 mai 2016, après des mois de tensions avec le Parlement. Le 26 mai, des militants du PAIGC ont caillassé le palais présidentiel en apprenant que Vaz venait de nommer un Premier ministre contesté par son propre parti, Baciro Dja.

  • Le PAIGC, quarante ans de règne

Mouvement emblématique de la lutte de libération, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) règne presque sans partage depuis plus de quarante ans. Mais les idéaux tiers-mondistes d’Amílcar Cabral ont depuis longtemps cédé la place aux prébendes et aux luttes d’appareil.

  • L’armée, épée de Damoclès

Véritable État dans l’État, toujours auréolée de sa victoire sur le colonisateur portugais, l’armée intervient à intervalles réguliers dans la conduite des affaires publiques. Dotée d’effectifs pléthoriques et impliquée dans divers trafics, elle veille scrupuleusement à la préservation de ses privilèges et n’hésite pas à renverser quiconque prétendrait la réformer. Elle se tient toutefois à l’écart de la crise actuelle.

  • Un narco-État

Selon le Département d’État américain, la classe politique est « sous l’influence des trafiquants de drogues ». Dotée d’une vaste façade Atlantique et d’îles propices à tous les trafics, la Guinée-Bissau est le paradis des cartels sud-américains et nigérians, qui bénéficient de complicités au sommet de l’armée et de l’État.

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