Banque : Bob Diamond contrarié dans son offensive sur Barclays Africa

À la tête d’un consortium alliant Mara Group, Atlas Merchant Capital et Carlyle, l’ancien patron de Barclays tente de mettre la main sur les actifs africains du groupe britannique. Ça n’est pas gagné…

Bob Diamond, le 4 Juillet 2012 à Londres. © Lefteris Pitarakis/AP/SIPA

Bob Diamond, le 4 Juillet 2012 à Londres. © Lefteris Pitarakis/AP/SIPA

Publié le 16 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

La revanche ne s’annonce pas facile pour Bob Diamond, l’ancien patron de la banque britannique Barclays, balayé en 2012 par le scandale du Libor. Ces dernières semaines, les événements ont tourné en défaveur du financier américain, qui, hissé à la tête d’un consortium d’acheteurs, lorgne Barclays Africa.

Le 5 mai, le groupe britannique a annoncé avoir d’ores et déjà cédé à des investisseurs institutionnels 12 % sur les 62 % de parts qu’il détient dans cette filiale cotée à la Bourse de Johannesburg, pour un montant de 856 millions de dollars (environ 745 millions d’euros). La très forte demande pour cette participation a convaincu Londres que le reste des actifs pourraient également être vendus sur le marché si aucun acheteur stratégique ne proposait d’offre satisfaisante.

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Quelques jours avant la vente, un gouverneur adjoint de la Banque centrale sud-africaine (SARB) s’est par ailleurs dit réticent à l’idée de voir tomber entre les mains d’un capital-investisseur les actions d’une des principales institutions bancaires du pays. Une déclaration qui suivait de quelques heures seulement la rencontre entre Bob Diamond et la Banque centrale, au cours de laquelle le financier a présenté l’offre du consortium… La SARB affirmera plus tard que ces propos ne visaient personne en particulier. Ils restent néanmoins perçus comme un signal négatif envoyé à Bob Diamond.

J’aimerais être dans la pièce quand Barclays négociera avec Bob : ce sera électrique

Avant même cet épisode, les ambitions de l’Américain se heurtaient déjà à des obstacles. Tout d’abord parce que les deux sociétés d’investissement qu’il contrôle, Atlas Merchant Capital et Atlas Mara, n’ont levé jusqu’ici que quelques centaines de millions de dollars. Bien loin des 7 milliards de dollars de capitalisation boursière atteints par Barclays Africa. De plus, la relation très tendue entre Bob Diamond et son ancien groupe ne lui facilitera pas la tâche. « J’aimerais être dans la pièce quand Barclays négociera avec Bob : ce sera électrique », salive un banquier.

Mais Bob Diamond, 64 ans, n’est pas homme dont on se débarrasse si facilement. Il continue d’ailleurs de répéter à son entourage que son consortium est bien placé pour remporter Barclays Africa. « Il s’agit d’un investissement sur du long terme », a-t-il expliqué au Financial Times, refusant le terme de « private equity ». Les membres du consortium devraient proposer de placer temporairement les actifs de Barclays dans un véhicule financier ad hoc, avant de les intégrer à leur capital.

Enfin, pour renforcer leur offre et lever les financements nécessaires à cette acquisition – qui s’annonce comme l’une des plus importantes depuis la crise financière -, Bob Diamond et Carlyle ont convié entre dix et quinze investisseurs à leur tour de table.

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Les ambitions panafricaines de Diamond

En définitive, c’est bien la capacité de Bob Diamond à convaincre qu’il s’inscrit sur le long terme qui va constituer le point central de la négociation, notamment auprès de la Banque centrale. « Nous sommes très clairs quant au fait qu’une banque ne doit pas être un terrain de jeu pour capital-investisseurs. Pour être une institution robuste, une banque doit être détenue par des actionnaires. Cela ne signifie pas que des investisseurs étrangers ne peuvent pas venir », a déclaré Lesetja Kganyago, le gouverneur de la SARB.

La banque britannique s’est engagée à ce qu’aucune nouvelle cession ne soit réalisée dans les trois prochains mois

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La Banque centrale devrait par ailleurs s’opposer à toute tentative de scission d’Absa, la branche sud-africaine de Barclays Africa, et des filiales moins importantes dans une douzaine de pays comme le Kenya, le Ghana, la Tanzanie, le Mozambique et l’Ouganda. Une exigence qui ne devrait pas troubler Bob Diamond : ce dernier travaille déjà à construire un groupe bancaire panafricain à travers Atlas Mara, dont les sept filiales subsahariennes fusionneraient à terme avec Barclays Africa.

Dans une note adressée en avril à ses actionnaires, Barclays prévenait que la cession de sa division Afrique serait « probablement longue et complexe ». Après la vente de début mai, la banque britannique s’est engagée à ce qu’aucune nouvelle cession ne soit réalisée dans les trois prochains mois.

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Une façon de se laisser du temps avant d’opter soit pour une cession au fil de l’eau sur les marchés, soit pour une vente stratégique ? Car le groupe, en conservant 50 % des parts de sa filiale africaine, se laisse la possibilité de tout vendre d’un bloc. Selon un banquier impliqué dans la première vente, le conseil d’administration de Barclays a en outre « l’obligation fiduciaire » d’étudier toute offre incluant une prime par rapport au cours de l’action.

En cas d’échec, Bob Diamond n’abandonnera certainement pas son rêve panafricain. Son équipe s’intéresserait déjà de près à Nedbank, une autre grande institution sud-africaine dont l’actionnaire majoritaire, Old Mutual, dit vouloir céder une partie du capital.

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