Télécoms : Djezzy peut-il redevenir le leader incontesté en Algérie ?
Sur le terrain de la 3G, l’entreprise algérienne s’est fait distancer. Grâce à sa nouvelle licence 4G, elle compte recreuser l’écart avec ses concurrents.
Télécoms : les opérateurs, moteur de la révolution numérique en Afrique ?
Hyper rentables, ces sociétés peuvent investir des milliards d’euros et s’imposent comme des interlocuteurs incontournables des pouvoirs publics dans les domaines de l’accès à l’internet, aux services financiers, et pourquoi pas demain à la santé et à l’éducation. « Jeune Afrique » fait le point sur l’évolution de l’industrie de la téléphonie mobile.
« Nous voulons récupérer avec la 4G le retard pris dans le lancement de la 3G. » Dans son bureau au dernier étage du siège de Djezzy, à Alger, Vincenzo Nesci, le président exécutif de la filiale algérienne du groupe russo-norvégien de télécoms VimpelCom, annonce clairement l’objectif. Avant d’être racheté à 51 % par l’État algérien, en janvier 2015, à travers le Fonds national d’investissement (FNI), Djezzy était, entre 2009 et 2014, sous le coup d’une procédure judiciaire lancée par ce même État, bloquant toute transaction financière.
Il n’a donc pu lancer sa 3G que huit mois après ses concurrents, l’opérateur étatique Mobilis, filiale d’Algérie Télécom, et Ooredoo, société privée qatarie. « Dans ce contexte d’incertitude, nos choix quant aux wilayas dans lesquelles déployer notre réseau n’ont donc pas été très agressifs », rappelle Vincenzo Nesci, à la tête de Djezzy depuis 2012.
C’est avec le lancement de la 4G, que l’opérateur entend rattraper son retard
Ce retard de déploiement s’est immédiatement répercuté sur le nombre d’abonnés. En 2014, tandis que Mobilis et Ooredoo enregistraient respectivement 3,8 et 3,4 millions d’abonnés 3G, selon les chiffres de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Djezzy en comptait 1,2 million. Tant et si bien que le numéro un incontesté pendant une décennie – depuis son arrivée en Algérie, en 2001, avec l’homme d’affaires égyptien Naguib Sawiris, alors propriétaire de Djezzy à travers Orascom Telecom Holding (OTH) – s’est progressivement retrouvé talonné par ses concurrents.
Alors qu’en 2014, avec 18,6 millions d’abonnés, Djezzy distançait ses concurrents de 5 millions d’abonnés pour Mobilis et 7 millions pour Ooredoo, en 2015 l’écart tombait, selon les chiffres de l’ARPT, à 2 millions pour le premier et 4 millions pour le second.
En 2015, Djezzy a rattrapé son retard sur la 3G, passant à plus de 4,1 millions d’abonnés, contre 5,6 millions pour Ooredoo et 6,5 millions pour Mobilis. Mais c’est surtout avec le lancement de la 4G, dont les licences ont été attribuées le 23 mai, qu’il entend s’offrir une échappée. « La 4G va permettre le déploiement de toute une série de services », annonce ainsi son président exécutif.
Les multiples challenges pour Gutjahr
Pour les mettre en place, l’opérateur, qui emploie 3 500 salariés, vient de recruter un nouveau directeur général : Tom Gutjahr. Ce cadre d’origine autrichienne, déjà passé par Djezzy entre 2005 et 2008, connaît bien les marchés émergents africains, et notamment le paiement mobile, qu’il a activement développé en Amérique latine et à son précédent poste, à la tête d’Airtel Ouganda. Une expérience déterminante pour Djezzy, qui voudrait profiter de la 4G pour lancer des services financiers.
« L’Algérie a un certain retard à combler dans l’utilisation de moyens de paiement modernes », constate Vincenzo Nesci, estimant que la 4G serait une bonne opportunité pour « sauter l’étape de la carte de crédit et utiliser le smartphone comme moyen de paiement ». En attendant que soit mis en place le cadre réglementaire nécessaire à ce service, promis depuis longtemps par le gouvernement, Djezzy se prépare.
Autre chantier : le plan de création de « 300 nouveaux points de vente sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2018 », annoncé par Vincenzo Nesci. « La boutique Djezzy doit devenir un centre de formation à l’utilisation du téléphone, développe le président exécutif de Djezzy, qui compte actuellement 90 magasins. L’époque des grandes boutiques, de 250 à 300 m2, est terminée. »
Enfin, l’opérateur algérien entend consacrer une partie de ses investissements – les « 1 milliard de dollars prévus sur cinq ans » évoqués par le PDG de VimpelCom, Jean-Yves Charlier, lors de sa visite à Alger mi-avril – à l’amélioration de sa plateforme de services numériques, notamment en ce qui concerne la relation client. En somme, « Djezzy a l’ambition d’être reconnu bien au-delà du mobile pour devenir le leader du numérique en Algérie », résume Vincenzo Nesci.
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