Sculpture : l’artiste malien Dolo Amahiguéré accuse Miquel Barceló d’usurpation

L’artiste malien Dolo Amahiguéré accuse le Catalan Miquel Barceló de s’attribuer à tort la paternité de plusieurs de ses œuvres.

Dans son atelier, à Ségou, le 15 mai. © FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR J.A.

Dans son atelier, à Ségou, le 15 mai. © FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR J.A.

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Publié le 3 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

À 60 ans, Dolo Amahiguéré, l’un des plus célèbres artistes-plasticiens maliens, est marqué par les ans. Sous des cheveux grisonnants, le rictus d’amertume qui plisse son beau visage prouve qu’on peut être exposé en 2004 au jardin des tuileries, à paris, avoir vendu une œuvre à l’ancien président Jacques Chirac et sombrer dans l’oubli, ou presque.

Installé à Ségou, au bord du fleuve Niger, il ressasse son histoire. C’est à Gao, en 1988, que ce diplômé des beaux-arts de Bamako, originaire du pays Dogon, rencontre un jeune artiste en pleine ascension : le Catalan Miquel Barceló, proche ami de Miró. À l’époque, « Dolo » travaille dans l’administration, mais sculpte à ses moments perdus. Barceló est fasciné par sa technique de moulage en terre cuite de tradition dogon et lui demande de l’emmener dans son village de Sangha, au bord des falaises de Bandiagara.

Des sculptures de Dolo sont présentées au Musée d’art contemporain de Barcelone, la galerie Ferran Cano, , au centre culturel de Thouars, puis au musée des beaux-arts de Tourcoing

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Les sculptures traditionnelles fascinent en Europe, à la galerie Ferran Cano

Pendant dix ans, le Catalan s’y rend régulièrement. Il s’y fait même construire une maison pour peindre, s’inspirer de la cosmogonie et du savoir-faire locaux. Dolo l’initie à la céramique. « Barceló m’a dit un jour : « J’emmène une quinzaine de tes œuvres pour les exposer. Tu as du talent, je vais faire de toi un artiste reconnu. » »

En 1998, des sculptures de Dolo sont présentées au Musée d’art contemporain de Barcelone. En marge, une exposition, consacrée à l’artiste malien, est organisée à la galerie Ferran Cano. René Barzilay, alors directeur de la revue Cimaise, l’aide à exposer en France, au centre culturel de Thouars, puis au musée des beaux-arts de Tourcoing.

Une usurpation difficile à établir

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C’est par hasard que Dolo découvre, en 2000, que se tient, à Paris, une rétrospective « Barceló, un peintre et la céramique », au Musée des arts décoratifs. Plusieurs de ses œuvres y sont exposées, sous le nom de… Barceló. Ce dernier dément toute usurpation. Les deux artistes se brouillent. « Il ne maîtrisait pas la technique et me regardait faire. Il suffit de vérifier : mes empreintes sont incrustées dans la terre cuite », s’exclame Dolo. Le dossier est aujourd’hui sur le bureau de l’avocat parisien William Bourdon.

« Nous avons envoyé une lettre en recommandé à Barceló, il n’a pas répondu, nous allons enclencher la procédure judiciaire. » Voisins et proches du Malien ont signé des attestations. De son côté, Barceló n’a pas donné suite aux messages téléphoniques que J.A. lui a laissés. René Barzilay, lui, reste sceptique quant à l’issue du différend : « Pas facile de prouver qui a raison. Les grands artistes donnent souvent des consignes et font réaliser leurs œuvres par des collaborateurs de confiance. »

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