Municipales de Rome : Raggi vs Meloni, combat de louves sur une colline
Celle du Capitole, bien sûr… Virginia Raggi, du Mouvement 5 Étoiles, part favorite contre Giorgia Meloni, une candidate d’extrême droite, pour la conquête de la mairie de la capitale italienne. Verdict le 19 juin.
Aux élections municipales (5-19 juin), deux « louves » vont s’affronter pour la conquête de Rome. En dehors de leur jeunesse et de leur commune volonté de s’emparer de la mairie de la Ville éternelle, sur le mont du Capitole, tout les oppose. D’un côté, la brune Virginia Raggi, 37 ans, candidate du Movimento 5 Stelle (M5S), créé en 2009 par l’humoriste Beppe Grillo. De l’autre, la blonde Giorgia Meloni, 39 ans, présidente d’une coalition d’extrême droite réunissant les Frères d’Italie et l’Alliance nationale. Le choc est frontal.
Raggi, un franc parler plébiscité
Avocate spécialisée en droit civil et mère d’un jeune garçon, Raggi est une complète néophyte en politique. C’est son mari, le réalisateur radio Andrea Severini, qui, en 2011, l’a présentée à Grillo. Depuis, elle s’est muée en militante anticorruption, a été élue députée et paraît la mieux placée pour remporter la mairie. Où s’arrêtera sa fulgurante ascension ?
Moins virulente que son mentor, cette Romaine pure souche que ses collègues jugent parfois « tatillonne » ne mâche pourtant pas ses mots. Elle impute les dysfonctionnements des services publics à la corruption et à la mafia, constate que « les vieux partis » ont été « incapables de gouverner la capitale » et estime que « les nouveaux venus » – entendez : elle-même et ses amis – n’auront « aucun mal à faire mieux ».
Elle remet en question la candidature de Rome à l’organisation des Jeux olympiques de 2024 et veut rendre Rome aux Romains
On la croirait sortie d’un film de Nanni Moretti. Et, de fait, son style sans fioritures lui vaut le soutien de nombreuses vedettes du cinéma et de la télévision. Le programme de celle que ses proches surnomment Mary Poppins a le mérite de la simplicité.
1. Remettre de l’ordre dans les services municipaux gangrenés par les malversations.
2. Instaurer la gratuité des transports et créer des pistes cyclables afin de réduire la circulation automobile et de décongestionner une ville au bord de la thrombose.
Elle va jusqu’à remettre en question la candidature de Rome à l’organisation des Jeux olympiques de 2024 (« D’ici là, la pollution nous aura tous tués », grince-t-elle), affirme vouloir « rendre Rome aux Romains » et envisage de tenir un référendum sur la question. Last but not least, comme l’on ne dit pas à Rome, elle souhaite imposer au Vatican un impôt immobilier !
Meloni, une longue carrière en politique
Meloni, sa principale rivale, est une ex-journaliste entrée en politique à l’âge de 15 ans. Originaire du quartier de La Garbatella, elle fut tour à tour députée du Latium et vice-présidente de la Chambre des députés (en 2006), avant de devenir la plus jeune ministre de l’histoire politique italienne. Dès sa création, en 2013, elle rejoint Frères d’Italie-Alliance nationale, une coalition d’extrême droite.
Compagne de Renato De Angelis, qui travaille comme auteur pour la télévision italienne, elle se montre très encline à exposer sa vie privée et ne manque pas une occasion de rappeler la souffrance que lui a fait éprouver l’absence d’un père. Ce qui ne justifie aucunement les quolibets sexistes de ses collègues à son endroit. Ce que certains lui reprochent ? Elle attend son premier enfant pour le mois d’août ! « Une maman ne peut pas faire un travail de brute, estime par exemple Silvio Berlusconi, qui n’en rate décidément pas une. Et diriger Rome aujourd’hui est un travail de brute. »
Elle propose mettre un terme définitif à la construction d’un nouveau palais des Congrès et d’utiliser les fonds pour « résoudre les problèmes des Romains »
« La Meloni » ne se laisse pas démonter pour si peu et expose son programme en dialecte romain : « Sept plaies, sept remèdes. » Quelles plaies ? L’état déplorable de la voirie, les déficiences des transports publics, l’occupation indue de terrains et de bâtiments publics, l’insuffisance de crèches, la déliquescence des banlieues, la collecte sélective des déchets et le mauvais fonctionnement des offices touristiques.
Elle propose aussi de transformer en musées les ministères de la Via Venti Settembre, une prestigieuse artère de la capitale, de mettre un terme définitif à la construction d’un nouveau et très onéreux palais des Congrès et d’utiliser les fonds pour « résoudre les problèmes des Romains ».
Entre Virginia et Giorgia, la lutte s’annonce âpre et serrée. Et ce sont les hommes qui seront les arbitres du premier tour. Au premier rang d’entre eux, Roberto Giachetti, le candidat de Matteo Renzi, le président du Conseil. Tous ont pourtant un objectif commun : mettre fin à l’incurie qui caractérise depuis bien longtemps la gestion de la capitale. Celle-ci, qui emploie pas moins de 60 000 salariés, a accumulé au fil des années une dette qui avoisine aujourd’hui 12 milliards d’euros.
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