Football : les écarts de conduite de Serge Aurier
Placé en garde à vue à la suite d’un contrôle routier qui a mal tourné, le footballeur ivoirien a porté plainte contre la police parisienne. Injustice ou nouveau dérapage ?
Pour Serge Aurier, le couperet n’est pas encore tombé, mais la menace plane plus que jamais au-dessus de sa tête. À peine remis de la tempête suscitée par la diffusion sur les réseaux sociaux, en février, d’une vidéo dans laquelle il insultait plusieurs de ses coéquipiers du Paris Saint-Germain (PSG) ainsi que son entraîneur, Laurent Blanc, le footballeur ivoirien de 23 ans se trouve au cœur d’une nouvelle affaire.
Un incident… encore?
Dans la nuit du 29 au 30 mai, peu avant 6 heures du matin, au terme d’une soirée achevée dans une boîte de nuit du huitième arrondissement de Paris, tout près de l’avenue des Champs-Élysées, la Porsche Cayenne de l’un de ses amis, immatriculée en Belgique, est contrôlée par des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC). Que s’est-il passé ? Deux versions s’opposent. Selon la police, Serge Aurier – qui ne conduisait pas – a refusé plusieurs fois de descendre du véhicule avant d’être arrêté pour insultes, outrage et violences légères.
Au sortir de sa garde à vue, le joueur niera avoir volontairement porté un coup de coude au thorax de l’un des policiers. Il affirmera que ces derniers étaient agressifs et qu’il a lui-même reçu des coups. La preuve ? Ses blessures au front et à la lèvre inférieure. Raison pour laquelle il a porté plainte.
Selon son avocate, Claire Boutaud de la Combe – une spécialiste du droit de la route -, Serge Aurier est victime d’une injustice. « Tout cela est intervenu dans un contexte particulièrement tendu, et on peut légitimement comprendre que les forces de l’ordre soient actuellement sous pression [alors que la France est confrontée à un mouvement de manifestations et de grèves contre un projet de loi sur le travail] », a-t-elle déclaré. Présumé innocent, l’international ivoirien sera jugé le 26 septembre pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
Un bon départ
Quelles conséquences cette nouvelle affaire aura-t-elle sur une carrière en Europe jusque-là très prometteuse ? Né en 1992 à Ouragahio, en Côte d’Ivoire, et ayant grandi à Danané, où son père était assistant administratif au tribunal de section, Serge Aurier est arrivé en France à l’âge de 7 ans.
Formé à Villepinte puis à Lens, révélé à Toulouse – où il réalisera trois saisons pleines – puis transféré au PSG en juillet 2014, il est devenu l’un des meilleurs atouts de la défense parisienne. Après le scandale de février et sa courte suspension du PSG, l’Ivoirien a fait le dos rond. Malgré une fin de saison difficile, il a été élu, en mai, meilleur arrière droit de Ligue 1.
Un footballeur auquel, on pardonne tout
Ce nouvel écart pourrait-il remettre en cause son statut en équipe nationale, dont il est l’un des cadres ? À Abidjan, l’affaire n’a pas eu le même retentissement que son dérapage de février. En pleine organisation du match contre le Gabon, le 4 juin à Bouaké (blessé au mollet, Serge Aurier n’a pas été convoqué), la Fédération ivoirienne de football n’a cette fois-ci pas publié de communiqué. « Nous attendons d’avoir plus de détails sur les conditions de son arrestation », explique l’un de ses cadres.
Au sein des Éléphants, ses proches comme Salomon Kalou et Max-Alain Gradel se montrent compatissants. Les quelques joueurs qui ne l’apprécient guère sont, au contraire, déçus ou agacés par les frasques en série d’un footballeur auquel, selon eux, on pardonne tout. En mars, Serge Aurier avait ainsi délaissé l’équipe nationale pour parrainer une cérémonie de détection de jeunes talents sans l’autorisation du sélectionneur, Michel Dussuyer. Et sans que ce dernier juge nécessaire de le sanctionner.
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