Côte d’Ivoire : qui est Ouraga Obou, l’homme de la Constitution ?

Alassane Ouattara a confié à cet éminent juriste la présidence du comité d’experts chargé de rédiger la nouvelle Constitution. Le choix d’Ouraga Obou est loin d’être fortuit.

Le professeur 
de 66 ans est 
bien connu des Ivoiriens depuis 
les années 1990, durant lesquelles 
il s’est opposé à Houphouët-Boigny. © SAAD POUR J.A.

Le professeur de 66 ans est bien connu des Ivoiriens depuis les années 1990, durant lesquelles il s’est opposé à Houphouët-Boigny. © SAAD POUR J.A.

Publié le 22 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Malgré les polémiques à répétition, la réforme de la Constitution ira jusqu’à son terme. C’est le message qu’a fait passer Alassane Dramane Ouattara en nommant le 31 mai à la présidence du comité d’experts chargé de sa rédaction le professeur Ouraga Obou, 66 ans, figure bien connue des Ivoiriens depuis les années 1990 et son opposition au président Houphouët-Boigny. Il a également été membre du Conseil constitutionnel de 2011 à 2014.

Déjà, lors de la transition militaire du général Gueï, Ouraga Obou avait présidé la sous-commission chargée d’élaborer la Constitution de la IIe République, adoptée en juillet 2000. Il y avait retrouvé un camarade de jeunesse, Ibrahim Bacongo, aujourd’hui conseiller spécial à la présidence, chargé de la réforme constitutionnelle. « Ils se côtoyaient déjà à l’université, avant de débattre par journaux interposés, rappelle l’un de leurs amis communs. Ils sont passés du duel au duo. »

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Un fin juriste

« Ouraga Obou est « the right man at the right place », note un observateur de la vie politique locale. Le choix du président de la République est loin d’être fortuit. Le professeur connaît sur le bout des doigts les questions constitutionnelles. »

Ancien doyen de la faculté de droit de l’université d’Abidjan, Obou a collectionné les titres honorifiques tout au long d’une carrière universitaire sans tache. Son parcours politique est, en revanche, beaucoup plus sinueux. Originaire de Gagnoa, comme Laurent Gbagbo, il fait partie des membres fondateurs du Front populaire ivoirien (FPI). Il s’aligne derrière le parti lorsque son chef lui interdit, en 1995, d’accepter le poste que lui propose Henri Konan Bédié, alors président, au sein du Conseil constitutionnel nouvellement créé.

Un homme particulièrement au fait des enjeux politiques et juridiques nationaux

Mais, bien qu’il ait obtempéré, les cadres du FPI prennent leurs distances avec lui, et, lorsque Laurent Gbagbo accède au pouvoir en 2000, il n’a même pas droit à un strapontin. Il lui faudra attendre trois ans et la nomination de Seydou Elimane Diarra au poste de chef du gouvernement de la transition pour qu’il devienne conseiller spécial chargé des affaires juridiques à la primature. Il profite de cette traversée du désert pour devenir avocat près la cour d’appel du tribunal de première instance d’Abidjan.

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Et, alors qu’il intègre l’équipe du Premier ministre, il rejoint dans le même temps les ténors du barreau ivoirien, Roger Ouegnin et N’Gouin Claih, au sein du cabinet SCPA Paris-Village. Il y restera jusqu’en 2014.

Dessiner les contours d’un poste de vice-président

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C’est donc à un homme particulièrement au fait des enjeux politiques et juridiques nationaux qu’échoit la lourde tâche de présider le comité chargé de rédiger la nouvelle Constitution. Ce groupe d’experts (dix au total) devra élaborer, si possible par consensus, un texte qui traduise la pensée du président. Lors du Conseil des ministres du 3 juin, le chef de l’État a fait le portrait-robot de la Constitution qu’il attend pour la future IIIe République.

Un texte clair, équilibré, qui garantisse les droits et les devoirs de tous les Ivoiriens et soit un gage de stabilité. Il devra notamment définir les contours d’un poste de vice-président, dont le titulaire pourrait être appelé à assumer la présidence.

Il devra également prendre en compte certaines dispositions de l’accord de paix interivoirien de Linas-Marcoussis, signé en 2003, et inclure différents articles concernant l’instruction obligatoire, la fiscalité ou l’égalité hommes-femmes. Enfin, un calendrier électoral sera établi, et la limitation du nombre de mandats, officialisée. Ouraga Obou et son équipe doivent rendre leur copie au début du mois de juillet au plus tard.

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