Avant qu’il ne soit trop tard…
Paris, 11 décembre 2015. Les 195 États membres de l’ONU tombent pour la première fois d’accord sur la nécessité de réduire le réchauffement climatique et sur leur responsabilité partagée en la matière.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 13 juin 2016 Lecture : 3 minutes.
Objectif : limiter ce réchauffement à 1,5 °C. La COP21 marque un succès diplomatique, mais aussi une avancée réelle, puisqu’elle a permis de sensibiliser l’opinion publique à une problématique cruciale qui, jusque-là, n’intéressait pas grand monde. Pourtant, l’avenir de la planète, dont dépend le sort de plus de 7 milliards d’habitants aujourd’hui et de quelque 9 milliards d’ici à 2050, devrait être notre préoccupation numéro un.
Chercheurs internationaux et experts, à l’exception de quelques « climatosceptiques » aveugles et sourds, sont quasi unanimes : la limite « acceptable » de concentration de CO2 au-delà de laquelle nous risquons de connaître des phénomènes climatiques extrêmes, tels que vagues de chaleur, pluies diluviennes, tempêtes, cyclones – a été franchie… il y a seize ans ! Avec leur lot de conséquences funestes : sécheresse, inondations, submersion des zones côtières… Bref, on fonce droit dans le mur, avec le sourire et en klaxonnant.
Le monde développé n’entend pas mettre un frein au consumérisme effréné qui régit ses sociétés, et les pays qui aspirent à le devenir ne voient pas pourquoi ils devraient, eux, brider leurs ambitions et leurs aspirations, alors qu’ils subissent la folie du premier cité.
Plus grave : la pression exercée par l’humanité sur la planète et ses écosystèmes est devenue insoutenable. Sur le sujet, l’excellent travail réalisé par le World Wide Fund (WWF) à travers son rapport bisannuel « Planète vivante » fait froid dans le dos. En résumé, l’empreinte écologique, qui mesure la pression exercée par l’humanité sur la nature, était de 18,1 milliards d’hectares globaux (hag) en 2010, soit deux fois plus qu’en 1960.
Or la capacité de la planète à se régénérer, c’est-à-dire à recréer ce qui a été consommé et à absorber le CO2 émis, n’est que de 12 milliards de hag. Il nous faut donc chaque année l’équivalent d’une Terre et demie pour satisfaire notre consommation en ressources naturelles. Parmi les principaux responsables de ce cataclysme annoncé, les grands émetteurs de CO2 et consommateurs d’eau : Chine, États-Unis, Inde, Brésil et Russie.
Ces derniers pèsent à eux cinq près de la moitié de l’empreinte écologique mondiale (les conséquences de l’activité de l’homme sur la nature). Pour vivre heureux, fermons les yeux…
Nous devons anticiper, investir, agir
Poursuivons la litanie des symptômes de notre suicide collectif avec quelques indicateurs qui devraient nous faire réfléchir (et vite) : en seulement quarante ans, de 1970 à 2010, les effectifs des espèces animales vertébrées ont diminué d’un peu plus de 50 %. La moitié, donc, des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des amphibiens ou des poissons ont tout simplement disparu à cause de la dégradation de leurs habitats naturels (agriculture intensive, urbanisation, déforestation, etc.), de la chasse et de la pêche, du changement climatique ou de la pollution.
Il est pourtant démontré de longue date que l’on peut produire et consommer différemment sans mettre à terre les nations développées ni hypothéquer l’avenir de celles qui ne le sont pas encore. Nous savons comment faire : anticiper, investir, agir – sur les villes, les énergies, les terres et forêts, l’océan.
Les exemples de bonnes décisions aux effets rapides et efficaces sont légion, de la Californie, devenue championne mondiale des énergies renouvelables, à l’Éthiopie, qui a su allier croissance soutenue et bilan carbone neutre, en passant par le Brésil, qui a réduit son taux de déforestation de 70 % en dix ans.
En novembre prochain, à Marrakech, se déroulera la COP22. Nous en saurons alors un peu plus sur le degré de notre prise de conscience ou, au contraire, sur celui de notre aveuglement. Les fruits passeront-ils la promesse des fleurs formulée à Paris ? Une chose est en tout cas désormais sûre : ne rien faire, alors que nous savons, confine non plus à l’inconscience mais au crime.
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