Daniel Ribant : « L’Angola a raison d’appeler le FMI à la rescousse »

Alors qu’une mission du FMI a séjourné à Luanda en juin, le banquier Daniel Ribant, auteur de « L’Angola de A à Z », estime que ce recours à l’institution est une excellente nouvelle. Explications.

Daniel Ribant est l’auteur de « L’Angola de A à Z ». © DR

Daniel Ribant est l’auteur de « L’Angola de A à Z ». © DR

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 17 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Selon Armando Manuel, le ministre angolais des Finances, la demande d’assistance de son pays ne s’apparente pas à un « sauvetage économique ». Faut-il le croire ?

Daniel Ribant : Ce recours au FMI – en visite de travail à Luanda jusqu’au 14 juin – traduit la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve l’Angola et son besoin urgent d’argent frais. Pareille décision suscite forcément des réticences au sein d’une partie de l’appareil politique, dans la mesure où une intervention du FMI est conditionnée à la mise en œuvre de réformes structurelles et à un suivi pointilleux de leur calendrier d’application.

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De plus, certains considèrent que les réserves de change du pays (24,6 milliards de dollars), ainsi que les avoirs du Fonds souverain devaient permettre d’éviter un tel recours. L’octroi d’un Programme de financement élargi (PEF) serait pourtant une très bonne chose pour le pays.

L’octroi du financement du FMI contribuera à créer un climat de confiance.

Pourquoi ?

D’abord, cela lui permettrait de mener à bien les réformes de fond, indispensables à la diversification de son économie et à la stabilisation de sa balance des paiements. Ces réformes, douloureuses, susciteront certainement des oppositions que le gouvernement devra gérer dans un contexte préélectoral la présidentielle de 2017.

Ensuite, l’octroi d’un financement du FMI constituerait un signal positif pour la communauté financière internationale, ainsi incitée à apporter une aide immédiate. Surtout, un tel dispositif suppose un encadrement et une supervision. Réformes structurelles, contrôle des principaux indicateurs économiques (réserves de change, dettes), transparence… Tout cela contribuera à créer un climat de confiance très opportun au moment où certaines institutions financières internationales hésitent à poursuivre leur engagement en Angola.

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Ces réformes ne risquent-elles pas de se répercuter sur le niveau de vie des Angolais, comme on a pu le voir lors des ajustements structurels des années 1990 ?

De par son statut de pays à revenu intermédiaire, l’Angola ne peut prétendre à un taux de faveur, ce qui alourdira encore un peu plus la charge de la dette, déjà estimée à quelque 6,2 milliards de dollars pour 2016 et 2017.

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Mais, en dépit de ce coût, l’octroi de ce plan constituerait une réelle chance pour l’Angola, ainsi que pour la communauté financière internationale, qui interviendrait à travers ce fonds multilatéral. Espérons que le FMI agira d’une main ferme (mais non de fer) dans un gant de velours, sans perdre de vue que la population angolaise paie déjà un lourd tribut à la crise.

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