Orange : une valse à quatre temps

En plusieurs opérations menées simultanément, le groupe français s’est à la fois désengagé du Kenya et renforcé au Burkina, en Sierra Leone et au Liberia.

Panneau publicitaire de Orange Sénégal à Dakar. Le 03 novembre 2013. Sénégal, Dakar. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

Panneau publicitaire de Orange Sénégal à Dakar. Le 03 novembre 2013. Sénégal, Dakar. © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

Publié le 7 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

La série d’opérations est sans doute symbolique d’une nouvelle ère dans les télécoms en Afrique : celle de la fin d’une période dorée et de l’entrée dans une phase marquée par des arrivées ici et des retraits là… Bref, d’une redistribution progressive des cartes. Au moment même où Orange négociait son arrivée dans trois nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest et son renforcement en Afrique centrale, le groupe français scellait son désengagement du Kenya, de l’autre côté du continent.

Le 9 novembre 2015, Orange annonçait ainsi la vente de ses parts (70 %) dans Telkom Kenya – acquis huit ans plus tôt pour 270 millions d’euros (et 51 % du capital) – au capital-investisseur Helios Investment Partners. Deux mois plus tard, le 12 janvier 2016, le groupe français annonçait un accord pour l’acquisition de Cellcom, opérateur de téléphonie mobile au Liberia. Le lendemain, il signait avec Bharti Airtel pour acheter ses filiales au Burkina Faso et en Sierra Leone et, moins d’un mois plus tard, il révélait un accord pour l’acquisition de la filiale du groupe Millicom (plus connu sous le nom de sa marque, Tigo) en RD Congo.

Les avocats derrière le repositionnement d'Orange en Afrique. © JA

Les avocats derrière le repositionnement d'Orange en Afrique. © JA

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Échec de l’entrée face à Safaricom

Bilan : 4 millions de clients abandonnés d’un côté, entre 12 et 13 millions gagnés de l’autre – avec des logiques bien différentes. Au Kenya, pays jugé hautement stratégique par le groupe en 2007, Orange n’a jamais réussi à percer durablement face à un leader hégémonique, Safaricom. Ce départ entérine le retrait du français d’une région entière, un an et demi après la cession d’Orange Uganda à Africell.

À l’inverse, la reprise d’opérateurs au Burkina, en Sierra Leone et au Liberia complète le solide (et rentable) dispositif du groupe français en Afrique de l’Ouest. Il y a d’ailleurs mis le prix (entre 600 et 800 millions d’euros selon les estimations pour les seules filiales d’Airtel, soit 7,9 fois l’Ebitda). Orange cherchait depuis longtemps à s’implanter au Burkina, alors qu’il occupe de très solides positions au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire. Preuve supplémentaire de cette complémentarité, ce sont ses plus grosses filiales dans la zone (la sénégalaise Sonatel et Orange Côte d’Ivoire) qui géreront les activités nouvellement acquises.

En Afrique, la période n’est plus vraiment à la croissance mécanique dans les télécoms, mais plutôt à l’optimisation des portefeuilles, notamment d’un point de vue géographique.

Quant à l’opération congolaise, réalisée pour 160 millions de dollars (143,3 millions d’euros) en cash, elle a pour principal objectif de renforcer les activités d’Orange dans un pays à très fort potentiel. Le rachat permet au groupe de doubler le nombre de ses abonnés (à environ 12 millions) et de se positionner au troisième rang, derrière Vodacom et Airtel.

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Pour Airtel, céder ses filiales représente une occasion de dégager d’importantes ressources au moment où les activités africaines dans leur ensemble perdent beaucoup d’argent. Ces liquidités devraient lui permettre de se renforcer au Nigeria, un marché qui, à lui seul, vaut presque autant que tous les marchés subsahariens réunis (hors Afrique du Sud). Le groupe indien n’était de toute manière pas parvenu à pénétrer durablement en Afrique de l’Ouest francophone, car il butait notamment sur la Côte d’Ivoire. Quant à Millicom, annoncé depuis de longues années comme potentiellement achetable, la cession de sa filiale congolaise (dans un dispositif géographique très disparate, allant du Sénégal à la Tanzanie) n’a rien de très surprenant.

En Afrique, la période n’est plus vraiment à la croissance mécanique dans les télécoms, mais plutôt à l’optimisation des portefeuilles, notamment d’un point de vue géographique.

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