Alassane Doumbia, au nom du père

Peu connu, le fils adoptif d’Yves Lambelin, disparu en 2011, a été nommé président de Sifca, le premier groupe agro-industriel ivoirien.

Sifca a marqué l’enfance d’Alassane Doumbia. © Eric Larrayadieu/Africa CEO FORUM/J.A.

Sifca a marqué l’enfance d’Alassane Doumbia. © Eric Larrayadieu/Africa CEO FORUM/J.A.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 20 septembre 2016 Lecture : 6 minutes.

Il serait facile de débuter un portrait d’Alassane Doumbia par une date charnière dans sa vie, privée comme professionnelle : le 4 avril 2011. Celle de la disparition d’Yves Lambelin. Son père adoptif fait alors partie des quatre personnes enlevées au Novotel d’Abidjan. À cette date, son fils est loin de la capitale économique ivoirienne, alors en pleine crise postélectorale. « Le 1er avril 2011, j’étais à Lagos. Le 3, au Ghana, et je me souviens qu’il [Yves Lambelin] se moquait de moi en me traitant de peureux », retient Alassane Doumbia. À l’époque, le quadragénaire (né le 14 juillet 1976 à Dabou, près d’Abidjan) travaille entre le Liberia et le Togo, ne passant que deux à trois jours par semaine dans son pays. Aujourd’hui, c’est dans un État en grande partie reconstruit que réside en permanence Alassane Doumbia.

Yves Lambelin a laissé deux orphelins : Sifca, qu’il a dirigée pendant trente ans, et son fils, qui garde au fond de lui cette envie profonde de s’engager toujours plus pour le groupe agro-industriel ivoirien. « Mon père a donné toute sa vie à ce groupe », rappelle Doumbia. Entré à la fin des années 1970 dans le groupe cacaoyer ivoirien, d’abord en tant que directeur technique puis comme directeur général une dizaine d’années plus tard, Yves Lambelin, avec l’appui de la famille Billon, a construit à marche forcée le numéro un mondial du cacao, puis, après la libéralisation du secteur en 1999, le numéro un africain de l’hévéa et de l’huile de palme. Un géant dont les revenus ont franchi la barre symbolique du milliard de dollars en 2011, avant de redescendre depuis en raison de l’effondrement des cours du caoutchouc. « Il voulait toujours avoir un temps d’avance », se rappelle Alassane Doumbia.

Doumbia possède environ 23% du géant agro-industriel

Peu connu du grand public, à la différence de la famille Billon, première actionnaire de Sifca et dont l’un des fils (Jean-Louis) s’est lancé en politique, Alassane Doumbia n’en est pas moins devenu un homme clé du groupe. « Pendant quelques années, c’est un véritable triumvirat qui a dirigé Sifca : Pierre Billon, Alassane Doumbia et Bertrand Vignes, le directeur général », soulignait Joël Krief, un banquier d’affaires (AM Capital) proche de cette entreprise depuis une vingtaine d’années, lors d’une interview accordée à Jeune Afrique il y a quelques mois.

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