Guinée équatoriale : l’État dope ses infrastructures
Grâce à de nouvelles centrales, à de meilleurs réseaux d’eau et de fibre optique, le pays s’équipe pour faire venir les investisseurs.
Quel avenir pour la Guinée équatoriale ?
Le président Obiang Nguema, au pouvoir depuis près de quarante ans et réélu avec 93,7 % des voix en avril 2016, veut être l’homme qui a bâti un pays. Un État qui, jusqu’au milieu des années 1990, existait à peine. Jeune Afrique fait le point sur la situation politique et économique de la Guinée équatoriale.
Eau, électricité, assainissement, télécoms… Les chantiers se sont multipliés ces dix dernières années en Guinée équatoriale. Avec des résultats désormais visibles sur le terrain. « Nous ne connaissons plus de problèmes d’électricité à Malabo. Il n’y a plus de groupes électrogènes dans la ville. Chaque maison dispose de son compteur », confirme Miguel, chauffeur de taxi dans une capitale enfin équipée d’un éclairage public et de feux de signalisation.
L’augmentation de 120 MW de la capacité de production de Turbogaz, la centrale thermique située à Punta Europa, près de Malabo, couplée à l’extension et à la modernisation des infrastructures de transport et de distribution d’électricité suffisent à expliquer ce spectaculaire changement. Au-delà de la capitale elle-même, c’est toute l’île de Bioko qui profite de la lumière.
Centrales hydroélectriques
Dans le Río Muni, l’offre s’est également améliorée depuis la mise en service en 2012 de la centrale hydroélectrique de Djibloho, sur le fleuve Wele. Construite par la société chinoise Sinohydro à proximité d’Evinayong, cette unité dispose d’une capacité de 120 MW. Avec ses quatre turbines de 30 MW chacune, elle couvre à elle seule une grande partie des besoins en électricité de la partie continentale du pays, qui, dans le même temps, a été maillée de lignes à haute tension. Désormais, même les villages sont connectés.
Bata a toutefois connu une forte pénurie, d’août à septembre 2015, liée « à une sécheresse passagère qui a entraîné la baisse du niveau du fleuve Wele », explique un chef d’entreprise installé à Bata. Mais, même sans ces aléas climatiques, la situation énergétique reste tendue dans la capitale économique. L’arrivée programmée des projets industriels de Mbini devrait à terme augmenter davantage encore la demande.
Le pays attend donc avec une impatience certaine la mise en service de la centrale hydroélectrique de Sendjé, d’une capacité de 200 MW, également installée sur le rio Wele et dont la construction, confiée à la société ukrainienne Douglas Alliance, a accumulé les retards.
Cette centrale devrait porter les capacités de production d’électricité du pays à 700 MW, principalement à partir de l’énergie hydraulique et du gaz, tous deux abondants en Guinée équatoriale. À l’horizon 2020, le gouvernement prévoit de ramener à 10 % la part de la production assurée par les centrales alimentées au fioul.
De multiples concurents pour le traitement de l’eau et les télécommunications
Progrès tout aussi significatifs réalisés ces dernières années, le réseau d’approvisionnement en eau potable et le système d’évacuation des eaux usées – uniques sous ces latitudes – dont disposent à présent les grands centres urbains du pays.
Pour les réaliser, les pouvoirs publics ont ratissé large, en confiant les différents chantiers à l’entreprise marocaine Société maghrébine de Génie civil (Somagec) pour Bata, à l’égyptienne Arab Contractors pour Malabo et à la compagnie sud-coréenne Hyundai Engineering pour les centres de Mongomo, d’Ebebiyin et d’Evinayong.
Un système de collecte des ordures a aussi été mis en place. Il est assuré par Guinea Limpia, qui emploie un peu plus de 800 personnes et dont les services couvrent dix-huit villes à travers le territoire. La société assure également le nettoyage de la voirie, des plages, des marchés et des places publiques. Avant de s’attaquer sans doute aux secteurs du recyclage et du traitement des déchets, qu’elle lorgne avec insistance.
Avec l’augmentation du nombre de fournisseurs, les services prépayés se sont multipliés et l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux a nettement progressé
Les services de télécommunications ont également gagné en efficacité, à mesure qu’ils s’ouvraient à la concurrence. C’est ainsi le cas dans la téléphonie mobile, aujourd’hui partagée entre trois opérateurs. À la Guinea Ecuatorial de Telecomunicaciones Sociedad Anonima (Getesa), l’opérateur public et historique du pays – et dont le capital est détenu par l’État à hauteur de 60 % et par le groupe français Orange pour 40 % -, est d’abord venue s’ajouter la société Green Com Muni en 2009.
Elle a racheté Hits Guinea Ecuatorial, l’ex-filiale de Hits Africa, du groupe saoudo-koweitien Hits Telecom (House of Integrated Technology and Systems). Puis, trois ans plus tard, Guinea Ecuatorial Comunicaciones Sociedad Anonima (Gecomsa) a débarqué, née d’un partenariat entre le gouvernement équato-guinéen – majoritaire avec 51 % du capital – et la Chine. Outre une baisse des tarifs, la bataille entre les trois opérateurs s’est accompagnée d’une diversification de l’offre, autour de la 3G notamment.
L’accès à internet s’est également amélioré grâce au raccordement, en 2012, de la Guinée équatoriale au câble sous-marin à fibre optique ACE (Africa Coast to Europe).
Avec l’augmentation du nombre de fournisseurs, les services prépayés se sont multipliés et l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux a nettement progressé puisque, selon les derniers chiffres, plus de 80 % des jeunes vivant à Malabo et à Bata seraient connectés au web via leur téléphone portable.
Reste à s’attaquer à l’encadrement d’un secteur qui s’est fortement consolidé ces dernières années, en particulier en renforçant les pouvoirs de l’Agence de régulation des télécommunications (Ortel).
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