Dépenses publiques en Guinée équatoriale : l’ère des ajustements
Durement touché par la chute des cours de l’or noir, le pays a tout fait pour limiter les dégâts. Et compte atteindre l’équilibre budgétaire d’ici à deux ou trois ans.
Quel avenir pour la Guinée équatoriale ?
Le président Obiang Nguema, au pouvoir depuis près de quarante ans et réélu avec 93,7 % des voix en avril 2016, veut être l’homme qui a bâti un pays. Un État qui, jusqu’au milieu des années 1990, existait à peine. Jeune Afrique fait le point sur la situation politique et économique de la Guinée équatoriale.
Double peine pour l’économie équato-guinéenne. La chute des cours mondiaux du pétrole qui a débuté en 2014 s’est conjuguée au recul de la production nationale d’hydrocarbures. Un secteur qui contribuait à 76,7 % du PIB. De 413 284 barils par jour en 2013, celle-ci est tombée à 374 375 barils quotidiens en 2015. Alimentées à 90 % par les revenus tirés du pétrole, les recettes budgétaires ont suivi la même pente.
Coup dur pour la croissance !
Si elles couvraient encore près d’un tiers du PIB en 2013, elles n’en représentaient plus que 26,7 % deux ans plus tard. Et devraient chuter à 1 785,6 milliards de F CFA (2,7 milliards d’euros) en 2016, selon les prévisions du gouvernement – soit près de 1 000 milliards de F CFA en moins en trois ans.
Conséquence logique de cette situation, la croissance – auparavant tirée par les hydrocarbures et le BTP – a fortement reculé, plus encore que prévu. « Nous nous attendions à une baisse entre 2012 et 2016, puisque la production d’hydrocarbures avait diminué et que les chantiers de BTP avaient ralenti, mais elle a été très brutale », confie Miguel Engonga Obiang Eyang, le ministre des Finances et du Budget. En 2015, la croissance a, en effet, été négative, avec un taux de – 5,6 %, alors qu’elle avait connu une petite amélioration en 2014 (+ 0,5 %), après une chute de 8 % en 2013.
Dès les premiers signes de la crise, en 2014, les autorités avaient réagi. « En 2015, nous nous étions organisés pour ajuster les dépenses », assure le ministre. De 3 100 milliards de F CFA en 2014, elles sont passées à 2 330 milliards de F CFA en 2015. Les mesures prises pour les limiter ont porté sur la réduction des subventions, en particulier sur les carburants, « qui s’élevaient à 120 milliards de F CFA par an entre 2007 et 2013 », précise Miguel Engonga Obiang Eyang.
Le recouvrement a également été amélioré, tandis que le contrôle du déficit budgétaire a été ramené de 800 milliards de F CFA en 2012 à 266 milliards en 2015. Pour couvrir ce déficit, « nous puisons dans nos réserves. Nous pensons atteindre l’équilibre d’ici à deux ou trois ans », précise le ministre.
Santé et éducation demeurent prioritaires
Financé principalement par les recettes non pétrolières, le budget de fonctionnement n’a pas été revu à la baisse, même si des économies ont été réalisées. Ce sont surtout les investissements publics, qui représentaient entre 85 % et 90 % du total des dépenses avant la crise, qui ont diminué, passant de 2 300 milliards de F CFA en 2014 à 1 730 milliards de F CFA en 2015.
Pas question toutefois de réduire les fonds consacrés à la santé, à l’éducation, à l’eau et à l’électricité, sans parler des stratégiques projets de diversification économique et d’industrialisation du pays. Les réajustements concernent essentiellement les infrastructures de base, dont près de 80 % ont déjà été construites.
Nous avons de la marge et nous pensons que la morosité ne va pas durer
Deux axes ont été privilégiés : la finalisation des contrats en cours d’exécution, comme les ports de Bata et de Mbini et l’aéroport de Bata, avec une redéfinition de leur calendrier, et le gel des projets non structurants. Plutôt que de réaliser de nouveaux édifices administratifs, l’existant sera d’abord réhabilité.
Les financements extérieurs sont largement mis à contribution. En 2015, la Guinée équatoriale a signé un accord de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) avec l’Industrial and Commercial Bank of China pour financer ses infrastructures. Alors que l’endettement ne représente que 20 % du PIB. « Nous avons de la marge et nous pensons que la morosité ne va pas durer », estime, plein d’optimisme, le ministre des Finances et du Budget.
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