Daesh vote Trump (et Le Pen)
La connivence objective, que l’on soupçonnait depuis longtemps, est désormais flagrante : par les attentats qu’il ordonne ou inspire, le terrorisme islamiste, celui de Daesh plus encore que celui d’Al-Qaïda, favorise l’extrême droite européenne et le populisme américain.
Grâce à lui, l’une et l’autre prospèrent et sont désormais, ici et là-bas, aux portes du pouvoir.
Au fond d’eux-mêmes, ils souhaitent qu’il se manifeste davantage et plus souvent, car il les aide, fait leur affaire, travaille pour eux : leur islamophobie est mieux reçue, rencontre plus d’écho.
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Daesh vote Trump aux États-Unis et Le Pen en France, oblige les autres formations politiques à réclamer un usage plus marqué de la force.
Réalisé dans dix pays européens avant ces derniers attentats, un sondage montre que dans cinq d’entre eux seulement une majorité de la population craint qu’un usage accru de la force ne suscite plus de terrorisme (voir graphique).
Les Européens sont désormais de plus en plus nombreux à réclamer plus de force répressive et à accepter moins de démocratie.
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L’Europe et les États-Unis sont à la veille de scrutins importants, dont celui, imminent, par lequel les citoyens du Royaume-Uni diront s’ils veulent ou non rester au sein de l’Union européenne (UE), et celui du 8 novembre, par lequel les États-Unis décideront s’ils élisent à la présidence Donald Trump ou Hillary Clinton.
Il est donc de la première importance de savoir comment votent les principales catégories sociales et communautés de ces deux pays.
On dispose d’instruments de mesure fiables qui permettent de prévoir, pour les pays où la démocratie est déjà installée, comment se comporteront lors d’un scrutin national les hommes et les femmes, les jeunes et les moins jeunes et, dans le cas des États-Unis, les wasp* et les autres citoyens, qu’ils soient d’origine africaine, asiatique ou latino.
J’ai relevé pour vous une série d’indications qui permettent, sinon de prévoir les résultats des scrutins à venir, du moins d’en avoir une idée.
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L’opinion des Européens est analysée de très près par un Eurobarometer qui publie régulièrement des sondages très élaborés, ce qui en fait l’instrument de mesure du pouls de l’opinion européenne.
Selon le dernier Eurobarometer, la population européenne est déçue par les performances de l’UE : 43 % des citoyens des vingt-huit États qui la composent pensent qu’elle va dans la mauvaise direction, 48 % des Italiens et même 29 % des Allemands pencheraient même en faveur d’un retrait de l’UE.
Les Européens reconnaissent à leur Union de leur avoir apporté la liberté de voyager, d’étudier et de travailler dans vingt-sept pays, en plus du leur. Mais, selon eux, c’est le principal avantage qu’ils ont gagné à en faire partie.
On se serait attendu à voir mentionnée la fierté d’appartenir à une communauté de 500 millions d’êtres humains que les autres continents envient. Et la paix, qui a succédé à des siècles d’affrontement.
L’Europe s’est-elle trop élargie et trop vite ? Son incapacité à parvenir à une solution consensuelle et satisfaisante du problème que lui pose le flot de réfugiés et, plus largement, de celui de l’immigration est la source principale du malaise que l’on perçoit à la lecture de son Eurobarometer.
Si le Royaume-Uni décide dans quelques jours de prendre ses distances avec l’UE, celle-ci résistera-telle au choc que produirait son départ ? Sera-t-il le premier d’une série d’autres départs ?
Nul ne le sait.
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Née en Grèce il y a plus de deux mille ans, la démocratie a d’abord ignoré les femmes. Et lorsqu’elle a resurgi en Europe, puis aux États-Unis, elle a « oublié » de leur faire une place.
Beaucoup ne le savent pas, mais les femmes n’ont le droit de vote dans les plus vieilles démocraties que depuis quelques décennies.
Elles travaillent maintenant autant que les hommes ou presque, sont nombreuses dans les universités, où elles font même mieux que les hommes, ont acquis leur autonomie financière, l’égalité des droits, voire la parité.
Leur condition a changé du tout au tout.
Mais, constituant la moitié du corps électoral, comment votent-elles ?
Des études très fines ont été menées dans plusieurs pays développés sur le vote féminin et apportent de précieuses indications dont il ressort que, lorsqu’elles expriment leurs choix et leurs préférences, les femmes ont une tonalité différente de celle des hommes.
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Les mères et les grands-mères des électrices d’aujourd’hui étaient connues, jusqu’en 1990, pour leurs votes en faveur des partis les plus conservateurs, souvent d’obédience religieuse chrétienne. Mieux éduquées, mieux informées et plus indépendantes, les femmes votent désormais à gauche ou au centre. Pas pour le rebelle eurosceptique Beppe Grillo en Italie, mais pour Matteo Renzi.
C’est là une évolution récente et peu connue.
Au Royaume-Uni, elles sont plus nombreuses à voter travailliste ; aux États-Unis, elles votent démocrate plutôt que républicain. Ce sont les femmes qui ont fait réélire, en 2012, Barack Obama et fait battre son adversaire, Mitt Romney. La majorité des Américaines sont contre Donald Trump et ne voteront pas pour lui en novembre prochain.
Ce dernier recueillera les suffrages des Blancs, qui forment encore 60 % à 62 % du corps électoral, et, parmi eux, de l’écrasante majorité des peu ou moyennement éduqués.
La majorité des femmes américaines – même si elles ne sont pas enthousiastes pour Hillary – et la grande majorité des Noirs, des Hispaniques et des Asiatiques américains donneront leur voix à la candidate du Parti démocrate et, disent les connaisseurs, la feront élire : l’Amérique de 2016 n’est plus celle de Blancs peu ou moyennement éduqués, mus par la peur du changement.
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Deux pays de l’ancien Tiers-Monde, et qui se trouvent être des terres d’islam, se sont distingués en donnant à leurs citoyennes, il y a plus d’un demi-siècle, la possibilité de s’éduquer, de travailler et d’atteindre une quasi-parité avec les hommes : l’Iran et la Tunisie.
Ils en sont récompensés, car les électrices iraniennes ont, en 2013, écarté le conservateur Mahmoud Ahmadinejad du pouvoir pour le remplacer par le modéré Hassan Rohani.
Un peu plus d’un an plus tard, les Tunisiennes votaient contre les islamistes et leur candidat.
* Aux États-Unis, le terme de wasp désigne les Anglo-Saxons protestants blancs.
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