Sénégal : par quelle porte Karim Wade sortira-t-il de prison ?

Grâce présidentielle, libération conditionnelle ou amnistie ? Si l’élargissement de Karim Wade est acquis, ses modalités sont encore floues.

Le 15 mars 2013, à Dakar. Un mois plus tard, l’ancien ministre était écroué à la prison de Rebeuss. © SEYLLOU/AFP

Le 15 mars 2013, à Dakar. Un mois plus tard, l’ancien ministre était écroué à la prison de Rebeuss. © SEYLLOU/AFP

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Publié le 22 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Depuis que le président sénégalais, Macky Sall, a entériné le principe d’une libération de Karim Wade, début juin, les pronostics vont bon train. Sauf rebondissement improbable, ce dernier devrait fêter la korité (fin du ramadan) hors de la prison de Rebeuss. Mais outre le calendrier de cet élargissement, ce sont surtout ses modalités qui alimentent les conjectures.

Car pour l’intéressé comme pour le pouvoir, l’essentiel n’est pas de savoir quand il sortira de prison, mais plutôt à quel titre. Dans les gazettes, chacun s’improvise donc juge de l’application des peines.

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Deux premières options sont possibles. Selon la Constitution, Macky Sall dispose du droit de grâce. Une prérogative dont il fait usage plusieurs fois par an, à l’occasion des principales fêtes religieuses et de la fête nationale. Une seconde option, la libération conditionnelle, appartient au ministre de la Justice. Karim Wade ayant purgé plus de la moitié de sa peine, rien ne s’oppose à ce qu’il en bénéficie. Au palais de la République, tous les voyants sont donc au vert.

L’embêtant casier judiciaire 

Mais l’ancien superministre ne l’entend pas ainsi, ce qui a conduit le quotidien Wal Fadjri à envisager, le 16 juin, qu’il faudrait peut-être l’expulser de force de sa cellule. Le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, en effet, ne cherche pas à sortir de prison coûte que coûte.

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Il espère avant tout être blanchi. Or même une grâce présidentielle XXL, si elle serait susceptible d’effacer son reliquat de peine (trois ans de prison), la saisie de ses biens (voitures, appartements, comptes bancaires…) ou encore l’amende qu’il doit au Trésor sénégalais (210 millions d’euros), ne lui permettrait pas d’effacer son casier judiciaire ni les dommages et intérêts (150 millions d’euros) qu’il doit verser solidairement, avec les autres condamnés, à l’État.

Certes, comme le rappelait le garde des Sceaux, Sidiki Kaba, au lendemain de la condamnation de Karim Wade par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), celle-ci a « écarté l’interdiction de l’exercice des droits civiques », laissant au candidat désigné par le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Pourtant, le Tout-Dakar suppute que le condamné a mis la barre très haut et espère une loi d’amnistie.

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Seule cette troisième option, qui serait soumise par le chef de l’État à l’Assemblée nationale, permettrait d’effacer totalement les répercussions fâcheuses de la procédure. Djibril War, député, avocat et membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel), se dit favorable à l’abrogation de la Crei et à une amnistie dont bénéficieraient tous ceux passés entre ses griffes. Une option audacieuse, de nature à apaiser le camp Wade, mais qui serait politiquement hasardeuse pour Macky Sall.

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