Musique : Dizzy Brain, rage malgache
Cigarette au coin de la bouche, cheveux en pétard sur la tête, Eddy, le chanteur des Dizzy Brains aime jouer les bad boys. Sur scène, le beau gosse longiligne tombe facilement la chemise, à la manière d’un Iggy Pop de la grande époque des Stooges.
Leur premier album, Out of the Cage, est un retour vers le futur du rock pur. Au total, 13 titres aux guitares déjantées dénoncent pêle-mêle la répression policière, l’insécurité, l’exploitation humaine, la corruption. « La vie est tellement anarchique qu’en tant que jeunes Malgaches on voulait traduire notre rage dans notre musique, précise encore Eddy. Le problème, c’est qu’ici les gens écoutent surtout de la musique pour remuer des fesses. Alors au début, avec nos guitares électriques, on nous prenait pour des satanistes. On est un peu devenus punk malgré nous. »
Notre père nous a initiés tout jeunes au rock
Avec son frère, Mahefa, le bassiste, il aime passer du temps le week-end dans le marché aux puces du centre de Tana, en quête de disques rares. Dans un pays où la connexion internet reste lente et chaotique, ils vont puiser leurs influences dans les pochettes de disques rongées par les souris. Dans les mains d’Eddy, un vinyle des Beatles, Abbey Road. En couverture, la photo mythique des quatre garçons dans le vent en train de traverser une rue. Il sourit en y voyant peut-être un signe : « Ces quatre-là, à leurs débuts, ils déambulaient… comme nous aujourd’hui. »
Doux rebelles
La musique, ils ont toujours baigné dedans. « Notre père nous a initiés tout jeunes au rock, confie Mahefa. À la maison, on écoutait les Stones, les Kings. » Eddy ajoute : « Et, un jour, on a regardé un documentaire sur Jacques Dutronc et Serge Gainsbourg. On s’est dit, ces mecs, ce sont de doux dingues. Alors on a décidé de s’appeler The Dizzy Brains, « les cerveaux étourdis ». »
Les deux frères répètent alors des morceaux de rock ou de metal avec Mirana, le batteur, et Poun, le guitariste. Des morceaux qui rebutent les radios (« pas assez dansant ! ») mais séduisent Gilles Lejamble, un manageur franco-malgache qui leur propose d’enregistrer dans son studio, Libertalia-Music Records, « du nom de la première république anarchiste du monde, installée à Madagascar », précise ce dernier.
Quelques mois plus tard, les Dizzy Brains créaient la surprise sur la scène des Trans Musicales de Rennes en 2015. Cette année, en avril, ils ont partagé l’affiche avec Maître Gims lors du Printemps de Bourges. Les Dizzy Brains entament une longue tournée qui les emmènera sur les routes européennes et canadiennes. Ils pourront, comme le suggère leur titre phare, Vangy, « prendre du plaisir, se promener dans les quartiers ».
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