RSE : Acep Cameroun montre l’exemple dans la microfinance
Formation, environnement, santé… L’établissement camerounais de microfinance ne se contente pas d’encourager les bonnes pratiques en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) chez ses clients, il les met également en œuvre en son sein.
Résponsabilité sociale des entreprises : panorama des pratiques et des défis en Afrique
« Jeune Afrique » propose un dossier détaillé sur les pratiques et les défis du secteur privé africain en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), de l’industrie minière aux hydrocarbures, de la microfinance à l’exploitation forestière. Tour d’horizon.
Encastré à l’arrière d’une rangée de cinq maisons, l’atelier de menuiserie et de tapisserie situé dans le quartier Oyom-Abang, à Yaoundé, est envahi de sièges prêts à être habillés de tissu.
« Tout ce que vous voyez là est le fruit d’Acep Cameroun », lâche le patron de Bob Meubles – qui emploie cinq personnes – en désignant son domaine de plus de 1 000 m2. Il y a quinze ans, il empruntait 1,5 million de F CFA (environ 2 300 euros) ; aujourd’hui, le total des crédits qui lui ont été accordés atteint 12 millions de F CFA.
L’établissement, filiale d’Acep International, octroie des microcrédits – allant de 100 000 F CFA à 15 millions de F CFA – aux très petites entreprises confrontées à des difficultés de financement. « L’objectif est de les amener au stade de PME. Contrairement aux autres sociétés de microfinance, nous n’octroyons pas de crédits mais des lignes de crédit », précise son directeur général, Jean Roger Zombo.
Un style peu commun
Le spécialiste de la microfinance a déjà distribué plus de 204 milliards de F CFA à des vendeuses de beignets, des bayam sellam (qui, elles, proposent des produits frais), des couturiers, des artisans, des commerçants, des transporteurs…, qui constituent près des trois quarts de ses 21 000 clients.
Acep se distingue de la concurrence par son taux d’intérêt mensuel unique de 1,5 % (soit 18 % annuellement) quel que soit le montant du prêt octroyé. Sa politique de garantie s’éloigne également des habitudes du secteur. Au lieu du traditionnel titre foncier ou d’un immeuble, Acep mise sur le téléviseur, l’électroménager, le véhicule, bref : « Des objets à valeur symbolique pour la famille, et dont la perte est susceptible de représenter une pression sociale sur le client », selon son patron.
Il y a une volonté de promouvoir des pratiques socialement responsables
Depuis deux ans, Acep étend ses interventions en zone rurale. Un mouvement qui s’accompagne de formations en agriculture, en élevage et en comptabilité. Là encore, la démarche reflète le souci de promouvoir des pratiques socialement responsables. « Le taux d’utilisation des engrais chimiques et des pesticides est très élevé dans la région de l’Ouest et leur manipulation, risquée, constate Jean Roger Zombo. Nous essayons d’orienter les producteurs vers l’usage d’engrais organiques de substitution. »
L’approche éthique d’Acep profite aussi à ses collaborateurs. Malgré sa petite taille, l’établissement a affilié ses 324 salariés à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), et ils bénéficient en outre d’une mutuelle. Leurs salaires sont alignés sur la grille de la convention collective bancaire et, en plus d’un treizième mois, les employés les plus performants reçoivent des primes financées via un prélèvement de 5 % sur le résultat brut annuel de l’entreprise.
Grâce à un partenariat avec le Crédit foncier du Cameroun, 5 % des salariés ont par ailleurs accès à des prêts à taux bonifié pour l’achat d’un terrain et la construction d’un logement. Et afin de permettre à l’Acep de gagner en compétitivité, deux cadres sont formés chaque année à l’Institut technique de banque (ITB), à Paris, tandis que les agents de crédit suivent des cours de microfinance dans la filiale locale de l’établissement français.
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