Pourquoi Amin Maalouf a été la cible de violentes critiques au Liban

Depuis qu’il a accordé une interview à une chaîne israélienne, l’écrivain libanais est la cible de violentes critiques dans son pays.

L’écrivain franco-libanais Amin Maalouf le 14 juin 2012 à Paris. © Jacques Brinon/AP/SIPA

L’écrivain franco-libanais Amin Maalouf le 14 juin 2012 à Paris. © Jacques Brinon/AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 30 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Après Khalil Gibran, Amin Maalouf est l’auteur libanais le plus célébré dans le monde et a fait la fierté du pays du Cèdre. Mais depuis qu’il a accordé une interview à la chaîne israélienne i24, certains de ses compatriotes n’hésitent pas à le qualifier de « traître ». Pierre Abi-Saab, chef des pages culture du quotidien Al-Akhbar, a même suggéré, dans un article titré « Léon l’Israélien » (en référence à son roman Léon l’Africain), qu’il y avait « sacrifié son image d’écrivain aimé des Arabes, qui étaient fiers de lui, le lisant avec plaisir et passion ».

« C’est un poltron qui craint le chantage à l’antisémitisme mais aussi un opportuniste qui vise le Nobel de la paix, renchérit un journaliste local. Pour cet acte inqualifiable, il devrait être déchu de sa nationalité. » Car le Liban est en état de guerre avec Israël, et les contempteurs de Maalouf se veulent compagnons de route de « la résistance à l’ennemi sioniste », celle qu’incarne le Hezbollah, ce mouvement qui préfère braquer ses armes sur ses compatriotes plutôt que sur son ennemi officiel.

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Une polémique non anticipée

Ces gauchistes admirateurs du Parti de Dieu, donneurs de leçons de patriotisme après avoir rêvé leur pays en province d’une grande Syrie des Assad, sont-ils à ce point à court d’arguments qu’ils doivent aboyer sur celui qui a hissé bien plus haut les couleurs du Liban que leurs héros armés ? « Aujourd’hui que les despotes sont tombés, ils doivent être totalement déboussolés », avance Fifi Abou Dib, éditorialiste à L’Orient-Le Jour.

Non sans concéder un manque de tact de la part de l’écrivain : « La distance qu’il a établie avec le Liban, dont il se réclame pourtant, a fait qu’il n’a pas anticipé la polémique. » Maalouf n’a pas encore daigné répondre à ces éructations, mais ne l’avait-il pas fait il y a vingt ans, dénonçant dans Les Identités meurtrières « cette conception étroite, exclusive, bigote, simpliste qui réduit l’identité entière à une seule appartenance, proclamée avec rage. C’est ainsi que l’on ‘fabrique’ des massacreurs, ai-je envie de crier ! » ?

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