Portrait : Saïd Alj, le négociateur en chef d’Unimer
En trente ans, le Marocain a fait d’Unimer l’un des principaux acteurs du marché des conserves. Parcours d’un businessman aussi discret que doué.
Agro-industrie : le coton, une industrie à l’état brut
Grande productrice d’or blanc, l’Afrique de l’Ouest crée peu de valeur localement. Elle exporte une très grande partie de sa fibre, au détriment de la fabrication de fil et de tissu.
Unimer, Label’Vie, CNIA, Taslif, Stokvis… Derrière ces sociétés cotées à la Bourse de Casablanca, un actionnaire commun : l’homme d’affaires marocain Saïd Alj. Son groupe, Sanam Holding, compte une trentaine de sociétés et emploie quelque 6 000 personnes. Les chiffres clés du conglomérat restent confidentiels, conformément à la discrétion cultivée par cet entrepreneur.
« C’est un investisseur qui a vite compris la nécessité de moderniser son groupe, de l’ouvrir à de nouveaux partenaires, et surtout de diversifier ses activités pour investir dans d’autres secteurs, explique un proche du président de Sanam Holding. Mais il évite de se mettre en avant. »
Unimer, la succes story
Le nom de Saïd Alj reste étroitement lié à l’agroalimentaire au Maroc. Le vaisseau amiral du groupe n’est d’ailleurs autre que la société Unimer.
Reprise en 1986, l’entreprise – créée au début du siècle dernier par des investisseurs français pour exporter des conserves de cornichons – va connaître un développement phénoménal. En quelques années seulement, la petite structure se fait un nom sur les marchés africain, européen, mais aussi américain.
Son secret : une maîtrise des circuits de distribution et une large gamme de produits adaptés à chacune de ses clientèles. La marque phare d’Unimer, le thon Titus, est ainsi écoulée dans plus de trente pays africains.
Implantation en Mauritanie
Aujourd’hui, la société réalise un chiffre d’affaires de près de 1 milliard de dirhams (environ 92 millions d’euros) et nourrit de grandes ambitions sur le continent. Sa filiale Unimer Africa a décroché le statut Casablanca Finance City et s’est lancée dans la réalisation d’une usine de conserves de poisson dans la zone franche de Nouadhibou, en Mauritanie.
En contrepartie d’un investissement de 28 millions de dollars (environ 25 millions d’euros) dans un complexe industriel intégré, Unimer Africa a obtenu des autorités mauritaniennes une licence de pêche pour un quota de 100 000 tonnes par an de petits pélagiques (poissons vivant en surface ou entre deux eaux).
« L’unité est en cours de finalisation et elle devrait tourner à plein régime courant 2017 », assure une source proche du projet.
Ses proches collaborateurs
Pour gérer cet ensemble imposant, Saïd Alj a su s’entourer de managers fidèles qui l’accompagnent depuis de nombreuses années. « C’est le genre de patron qui déjeune avec ses cadres dans la salle de réunion. Il connaît le nom des enfants de ses proches collaborateurs. Son mode de gestion est très paternaliste », raconte un ancien du groupe.
Mais, à 62 ans, l’homme prépare sa relève et s’appuie de plus en plus sur ses enfants pour la gestion quotidienne du groupe. Son fils, Mehdi Alj, a par exemple pris le relais pour le pôle agroalimentaire, ainsi que pour la branche cinéma. Sa fille cadette, Kenza, dirige de son côté plusieurs filiales immobilières de Sanam.
Il faut croire que le sens des affaires est inné chez ce self-made-man.
Se désengager petit à petit de la gestion courante permet au patriarche de se consacrer aux voyages d’affaires. En commercial doué et fin négociateur, Saïd Alj ne passe que rarement à côté d’une bonne opportunité.
« Il ne rentre presque jamais sans rapporter dans ses malles un grand contrat ou un marché à explorer », assure notre source. Il faut croire que le sens des affaires est inné chez ce self-made-man qui a su donner à son groupe un rayonnement international.
Dix ans de diversification
Pendant la dernière décennie, Saïd Alj a grandement diversifié ses activités. Unimer, filiale phare de Sanam Holding, est actionnaire de Retail Hoding (Carrefour au Maroc). Et Sanam Holding, qui est l’un des partenaires de l’assureur CNIA, a pris le contrôle de plusieurs sociétés achetées à Mustapha Amhal dans l’agroalimentaire et la distribution de produits ménagers. L’empire de Saïd Alj s’étend aussi au matériel agricole (Stokvis Nord Afrique), au crédit à la consommation (Taslif), à l’immobilier (Sanam Immobilier), à l’hôtellerie et même aux studios de cinéma
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles