Olheol face à la pénurie

Depuis le 16 juin, 480 ouvriers de l’usine Olheol de Bouaké, spécialisée dans la trituration de la graine de coton, sont au chômage technique.

En 2016, seulement 13 000 tonnes de graines ont été triturées par l’usine. © OLHEOL

En 2016, seulement 13 000 tonnes de graines ont été triturées par l’usine. © OLHEOL

Julien_Clemencot

Publié le 13 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Usine de la Sofitex à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. (photo d’illustration) © THEO RENAUT POUR JA
Issu du dossier

Agro-industrie : le coton, une industrie à l’état brut

Grande productrice d’or blanc, l’Afrique de l’Ouest crée peu de valeur localement. Elle exporte une très grande partie de sa fibre, au détriment de la fabrication de fil et de tissu.

Sommaire

Ils resteront chez eux jusqu’au début de la prochaine campagne, en novembre. Une centaine d’employés seulement entretiennent les machines et élaborent la stratégie logistique qui permettra à l’entreprise de s’approvisionner l’année prochaine.

Une production affaiblie

la suite après cette publicité

En 2016, la direction n’a pu obtenir que 13 000 tonnes de graines destinées à produire l’huile alimentaire, les tourteaux et la nourriture pour volaille vendus sur les marchés national et régional. C’est le plus faible volume trituré par ses lignes de production depuis qu’Alexandre Keita, un homme d’affaires français d’origine ivoirienne, a repris la compagnie en 2009.

Il lui faudrait au moins 90 000 t pour que l’usine (capable de traiter jusqu’à 220 000 t) équilibre ses comptes. En 2015, Olheol avait déjà subi 980 millions de F CFA (1,5 million d’euros) de pertes, qui s’ajouteront aux 8,5 milliards déjà investis ces sept dernières années par son actionnaire unique.

Pour Alexandre Keita, 2017 pourrait être l’année de la dernière chance. Si l’ancienne usine d’Unilever, que le groupe malien Aiglon avait menée à la faillite en 2007, ne parvient pas à acheter beaucoup plus de graines, son avenir sera à nouveau compromis. Lors de la dernière campagne, une grande partie de la production ivoirienne avait été vendue à l’étranger.

Booster la production ivoirienne

la suite après cette publicité

« Le gouvernement affirme vouloir développer une filière industrielle pour valoriser le coton ivoirien, mais les égreneurs privilégient des acheteurs étrangers venant du Mali ou du Burkina Faso », déplore Alexandre Keita.

Les volumes disponibles étaient d’autant plus faibles que la production de coton a baissé de 25 % cette année en raison de mauvaises conditions climatiques. L’entrepreneur mise beaucoup sur l’accord-cadre signé fin 2015 avec les égreneurs (qui n’a pu entrer en application lors de la dernière campagne). Et le ministre de l’Industrie, Jean-Claude Brou, s’est engagé à le faire respecter.

la suite après cette publicité

« Il n’existe que deux usines de trituration en Côte d’Ivoire. Il n’est pas normal que nous soyons confrontés à un tel problème d’approvisionnement. D’autant que le prix de la graine est négocié en début de campagne avec le Conseil du coton et de l’anacarde », insiste Alexandre Keita.

Rassurer les investisseurs

L’entrepreneur s’inquiète aussi parce qu’il cherche à ouvrir le capital de son entreprise à de nouveaux investisseurs : « Je dois sans cesse rassurer mes interlocuteurs sur notre capacité à mobiliser suffisamment de matière première pour faire tourner l’usine à plein régime. »

S’il parvient à convaincre institutions de développement et fonds d’investissement, le patron modernisera ses machines (beaucoup datent des années 1990) et fera évoluer ses lignes de production pour leur permettre de transformer aussi du soja. Un bon moyen d’échapper à la pénurie de graines une fois pour toutes.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image